Réunis, sous la houlette du chef de la diplomatie européenne, sur les rivages du lac Ohrid, en Macédoine du Nord, après les négociations marathons menées sous l'égide de l'Union européenne et l'échec des pourparlers qui avaient eu lieu en Février dernier, à Bruxelles, alors qu'à cette occasion et après la guerre meurtrière à laquelle s'étaient livrés les rebelles indépendantistes kosovars et les forces serbes, en 1999, l'UE leur avait proposé un plan de paix en onze points, le président serbe, Aleksandar Vucic, et le premier ministre kosovar, Albin Kurti, ne sont pas parvenus, ce samedi 18 mars, à signer un accord sur la normalisation de leurs relations comme le souhaitait Bruxelles. Le point d'achoppement sur lequel butent les deux parties est que la Serbie ne veut toujours pas reconnaître l'indépendance proclamée, en 2008, par son ancienne province qui compte près de 1,8 million d'habitants, en grande majorité d'origine albanaise et une communauté serbe d'environ 120.000 personnes. En stipulant que les deux parties n'auront pas recours à la violence pour régler leurs différends le plan de paix proposé par l'UE vise une reconnaissance de facto entre Belgrade et Pristina en prévoyant que les deux parties « reconnaîtront mutuellement leurs documents et symboles nationaux respectifs ». Mais bien que Bruxelles espérait que les deux protagonistes allaient, au moins, parvenir à un accord sur l'annexe de mise en application du plan proposé par l'UE qui prévoit, également, que « la Serbie ne s'opposera pas à l'adhésion du Kosovo à une organisation internationale » comme l'a toujours réclamé Pristina et d'accorder « un niveau approprié d'autogestion » pour la minorité serbe du Kosovo, il n'en fut rien car comme l'a signalé, à la presse, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borell, à l'issue de ces pourparlers : « les parties n'ont pas pu trouver une solution mutuellement acceptable aussi ambitieuse que celle » qui a été proposée par l'UE. Il y a lieu de préciser, par ailleurs, que tout en reconnaissant que des progrès ont été réalisés au cours de leurs derniers entretiens, les deux dirigeants ne se sont pas privés de s'envoyer des « piques » mutuelles. Aussi, en déclarant que « comme lors de la précédente réunion de Bruxelles » durant laquelle il avait « refusé de signer l'accord (c'est) l'autre camp » qui a, encore une fois, « évité de signer l'annexe », le Premier ministre kosovar estime qu'il appartient, désormais, « à l'UE de trouver un mécanisme pour que cet accord soit légalement et internationalement contraignant » alors que le président serbe considère, de son côté, qu'un « pas important » a été franchi « dans une atmosphère constructive » et qu'il va falloir « commencer à travailler » ; étant entendu que même si « ce n'était pas une sorte de jour J, c'était (quand même) un jour O.K ». L'Union européenne qui, ces derniers mois, tente, tant bien que mal, de faire pression sur Belgrade et Pristina pour éviter que ne se produise une nouvelle flambée de tensions dans cette fragile région des Balkans en ce moment où la guerre qui fait rage en Ukraine semble bien loin de connaître un heureux dénouement parviendra-t-elle à ramener à la raison les dirigeants de la Serbie et du Kosovo ? Très peu probable au vu de l'intransigeance des uns et des autres mais attendons pour voir...