De 80% de serbes favorables en 2010 à l'adhésion de leur pays à l'Union Européenne, ils ne sont plus aujourd'hui que 44% à souhaiter rejoindre l'UE, selon les résultats d'un sondage réalisé récemment par l'institut Ipsos publiés par des journaux locaux. Ce recul des partisans de l'adhésion à l'UE s'explique par le conflit en Ukraine et l'insistance de Bruxelles de voir le gouvernement serbe se joindre aux sanctions européennes imposées à la Russie, indique le quotidien serbe Blic, qui note que jamais la défiance des serbes vis-à-vis de l'avenir européen de leur pays n'avait été si profonde. Très dépendante des ressources énergétiques russes (gaz et pétrole), la Serbie ne s'est pas associée aux sanctions occidentales décrétées contre la Russie en maintenant les relations commerciales avec Moscou. Blic rappelle que la Russie a soutenu la Serbie lors des bombardements de l'OTAN à la fin des années 90 pour contraindre Belgrade à retirer ses troupes du Kosovo. La Russie, qui soutient l'appartenance du Kosovo à la Serbie, a également refusé de s'associer aux sanctions occidentales imposées au régime de Slobodan Milosevic. Au début de l'opération militaire russe en Ukraine, des manifestations de soutien à la Russie ont lieu à Belgrade sous le slogan: «les russes sont les frères des serbes», la Serbie étant le seul pays européen à soutenir Moscou dans son conflit contre Kiev. Selon Predrag Petrovic, directeur du centre de Belgrade de recherche pour les politiques de sécurité, cité par le journal Blic, « ces manifestations sont l'œuvre de l'extrême droite et constituent toutefois une opinion qui demeure massivement pro-russe». La position d'une partie de la population serbe soutenant la Russie s'explique aussi par la traditionnelle solidarité entre deux peuples slaves et orthodoxes et une forme de « revanche contre les bombardements de l'OTAN contre la Serbie», a-t-il ajouté, notant que les serbes gardent en mémoire ces bombardements ayant provoqué la dislocation de l'ex-Yougoslavie. Le président serbe Aleksandar Vucic, qui vient d'être réélu pour un second mandat de cinq ans, dit croire toujours à l'adhésion de son pays à l'UE. « Je crois que la Serbie a sa place au sein de l'UE et que nous devons continuer à avancer sur la voie européenne de manière digne », a-t-il déclaré à la presse, soulignant la nécessité de « garder l'indépendance serbe dans la prise de décision, au moins jusqu'à ce que nous devenions membre de l'UE». Le président serbe, qui ne condamne pas la Russie, a réaffirmé que son pays soutient l'intégrité territoriale de l'Ukraine, selon un communiqué de la présidence reproduit par des journaux locaux, deux semaines après le début de l'opération militaire russe. Aleksandar Vucic refuse de prendre part aux sanctions occidentales antirusses au nom de « la préservation des intérêts serbes », notamment l'approvisionnement en produits énergétiques russes, ajoute-t-on de mêmes sources. Belgrade a déposé sa candidature d'adhésion à l'UE le 23 décembre 2009 et la commission européenne a approuvé le 12 octobre 2011, l'octroi du statut de pays candidat à la Serbie. Dix ans après avoir reçu le statut de candidat à l'adhésion à l'UE, sur les 35 chapitres de l'acquis communautaire, à peine deux sont clos et un long chemin pour une adhésion effective à l'UE reste à parcourir abstraction faite pour le dossier du Kosovo à propos duquel la Serbie souhaite un accord « historique» avec Bruxelles, estime Politika.