Voulant freiner «l'expansionnisme autoritaire» de la Chine, Taïwan et les Etats-Unis vont continuer «à renforcer leurs échanges militaires». C'est ce qu'a déclaré, ce mardi 21 Février, la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen au cours de sa rencontre avec des parlementaires du Congrès américain venus à Taïpeh, la capitale, après la visite qu'y avait effectuée, vendredi, un haut responsable du ministère américain de la Défense, chargé des relations avec la Chine. Et si la dirigeante taïwanaise a annoncé, dans la foulée, que son pays va coopérer activement avec «d'autres partenaires démocratiques» pour pouvoir faire face à d'autres «défis internationaux» comme «le changement climatique», Ro Khanna, le représentant de la Californie, également membre du nouveau comité de la Chambre américaine des représentants sur la concurrence stratégique avec le Parti Communiste Chinois, a déclaré, de son côté, que cette visite a pour objectif d'élargir « le partenariat sur le plan militaire et de la défense » mais aussi de consolider les liens américains avec l'île, leader dans le secteur des semi-conducteurs; une industrie qui avait été bouleversée quand le ralentissement de l'économie mondiale du fait de la crise sanitaire en avait freiné la demande et quand Washington avait décidé de contrôler sévèrement leur exportation en direction de Pékin pour limiter la capacité des chinois à fabriquer des puces haut-de-gamme pour leur utilisation dans «des applications militaires». A la suite de l'entrevue de la présidente taïwanaise avec les représentants américains, Wang Wenbin, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a accusé, dans un point de presse, le Parti Démocratique Progressiste (PDP), au pouvoir à Taïwan, d'user de «provocations en faveur de l'indépendance» de l'île et a tenu à préciser, au passage, que «cela ne changera » ni le fait « que Taïwan fait partie de la Chine» ni «la tendance générale qui est à (son) inévitable réunification» car «toute conspiration ou action visant à faire sécession (de la Chine) en s'appuyant sur le soutien étranger et à saper les relations (entre le continent chinois et l'île de Taïwan) ne fera que se retourner contre ses propres auteurs et reste vouée à l'échec». Considérant que Taïwan, qui compte quelques 23 millions d'habitants, est une de ses provinces même si elle n'a toujours pas réussi à «l'incorporer» au reste de son territoire après la fin de la guerre civile chinoise de 1949, la Chine reste opposée à tout contact officiel entre les autorités de «l'île rebelle» et des pays étrangers. Ainsi, bien qu'ils reconnaissent le gouvernement communiste de Pékin comme étant le seul représentant légitime de la Chine, les Etats-Unis, en leur qualité de principal fournisseur d'armes de Taïwan soutiennent le droit de «l'île rebelle» à se défendre et à décider de son avenir. Autant de raisons pour lesquelles les multiples contacts ayant eu lieu ces dernières années entre responsables taïwanais et représentants de l'administration américaine dépêchés à Taïwan dans le cadre de « visites officielles » ne peuvent que provoquer l'ire de la Chine, surtout en ce moment où les relations entre Washington et Pékin battent sérieusement de l'aile après la destruction, par les Etats-Unis, au début du mois, d'un ballon chinois qui survolait le territoire américain et qui avait été considéré, par Washington, comme étant un «ballon espion» même si Pékin n'a eu de cesse d'affirmer le contraire en avançant qu'il s'agissait d'un aérostat civil. Si, à la suite de la visite effectuée, en août dernier, par Nancy Pelosy, alors présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis, les relations sino-américaines avaient été tellement envenimées qu'à titre de représailles, Pékin avait entrepris d'importantes manoeuvres militaires autour de «l'île rebelle», qu'en sera-t-il, aujourd'hui, alors que le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken s'est permis d'évoquer l'imminence d'une invasion militaire de Taïwan par la Chine ? Attendons pour voir... Nabil El Bousaadi