La Chine a fustigé jeudi la présence de militaires américains à Taïwan après sa confirmation officielle par la présidente de l'île lors d'une interview à la chaîne CNN. «Nous nous opposons fermement à toute forme d'échanges officiels et de contacts militaires entre les Etats-Unis et Taïwan», a déclaré devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin. Pékin considère Taïwan comme l'une de ses provinces bien qu'il ne contrôle pas l'île de 23 millions d'habitants. Dans une interview à CNN diffusée mercredi, la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, a affirmé que la menace chinoise sur le territoire était de plus en plus grande «chaque jour». Interrogée sur la présence de soldats américains sur l'île, Tsai a répondu qu'ils ne sont «pas aussi nombreux que ce que les gens pensent». C'est la première fois qu'un dirigeant taïwanais reconnaît publiquement une telle présence depuis le départ de la dernière garnison américaine en 1979, année où Washington a reconnu la Chine communiste au détriment de Taïwan. Les passes d'armes se sont multipliées ces derniers jours entre la Chine et les Etats-Unis sur le sort de l'île, qui jouit d'un système démocratique et dispose d'un gouvernement, d'une monnaie et d'une armée propres. Le territoire n'a toutefois pas proclamé d'indépendance formelle. Pékin menace de recourir à la force si tel était le cas. Interrogé sur la possibilité d'une intervention militaire américaine pour défendre Taïwan en cas d'attaque de la Chine, le président Joe Biden a répondu par l'affirmative: «Oui, nous avons un engagement en ce sens», a-t-il déclaré la semaine dernière. Au début du mois, le président chinois Xi Jinping avait lui promis une «réunification» inéluctable avec Taïwan par des moyens «pacifiques», alors que l'île fait état début octobre d'un nombre record d'incursions d'avions militaires de Pékin dans sa zone d'identification aérienne.