Mohamed Nait Youssef Une grande perte pour le paysage artistique et culturel national. La grande dame du théâtre et du cinéma marocain, Khadija Assad, a passé l'arme à gauche mercredi soir après une longue lutte contre la maladie. Elle avait 71 ans. En effet, avec son mari feu Aziz Saadallah, décédé octobre 2020, elle a formé un duo mythique ayant marqué des générations. Elle était connue par sa finisse dans le jeu, son comique de situations. La regrettée, née en 1952 à Casablanca, a incarné des rôles dans plusieurs œuvres partagées entre le théâtre, la télévision et le cinéma : "Maqamat Badi' az-Zaman al-Hamadhani", "Saadak y a Massoud", "Nakhwa Ala Lakhwa", "Kousta ya Watan", "Le Facteur", "Le Mariage des Autres", "Le Toubib" , "Lalla Fatima" et d'autres. «C'est une grande comédienne qui vient de nous quitter. Elle a toujours incarné l'exemple de l'artiste intellectuelle ayant une profondeur dans le traitement des sujets importants touchant notre société par le biais de la comédie et du théâtre. », nous confie le metteur en scène et président du Syndicat Marocain des Professionnels des arts dramatiques, Massoud Bouhcine, ajoutant que la regrettée a par ailleurs un sens de composition de personnages, car elle avait ce don de mêler entre la valeur artistique et le succès populaire. Pour la comédienne et artiste Latefa Ahrrare, Khadija Assad est une femme qui a marqué l'histoire du théâtre et de la télévision et du cinéma. «C'est une femme qui a toujours eu son empreinte élégante. Elle a beaucoup d'élégance dans le jeu avec beaucoup d'humour. Elle était toujours à l'écoute des jeunes, et c'est une femme qui a formé un couple dans la vie et dans l'art avec feu Aziz Saadallah dont la mort lui a pesé lourd. La preuve : elle n'a pas pu supporter la disparition de son défunt mari qui était un grand artiste. Tous les deux étaient avant-gardistes dans sitcoms et les capsules avec le réalisateur Bencherif Hamid », a-t-elle déclaré à Al Bayane. Une vie vouée aux planches... Khadija Assad, précise le dramaturge Lahoucine Chaâbi, était l'une des rares femmes et artistes professionnelles ayant voué leur vie aux planches. « Elle aimait la scène et le théâtre. Elle était comédienne, mais aussi auteure aux côtés de son mari, le défunt Aziz Saadallah. Elle était exigeante dans le jeu sachant qu'elle avait choisi de se spécialiser dans le genre comique dans une époque où il n'avait pas assez de femmes artistes qui s'aventurent dans ce genre spécifique. », a-t-elle affirmé. Et d'ajouter : «elle était pointue dans le choix de ses personnages parce que la comédie est très difficile, mais qui était un moyen pour véhiculer des messages dans ses pièces de théâtre qu'elle avait jouées avec son compagne de route. Je me souviens d'une pièce de théâtre qui n'avait eu de chance à l'époque : « khli balek men madame », une pièce jouée par deux personnages : Khadija et Saadallah. Malgré son grand succès dans la télévision, le cinéma, elle est toujours retournée aux planches où elle respire l'art et le théâtre, a-t-il fait savoir. Sur le petit écran, la série « Lala Fatima» a fait un tabac. Sur un ton comique, cette série a franchi les demeures marocaines avec sa simplicité, sa fluidité, mais aussi son authenticité... «Elle était une femme généreuse aux grandes qualités humaines. », a-t-il rappelé. Khadija Assad, la militante syndicale... Khadija Assad était l'une des premières militantes et fondatrices (Syndicat National des Professionnels du Théâtre dans les débuts des années 90. «Khadija Assad était une militante qui a sacrifié sa vie pour le théâtre et l'art. Elle était intellectuelle, grande lectrice. Sa mort est une grande perte pour la scène artistique nationale.», conclut Lahoucine Chaâbi.