Les feuilles du théâtre national tombent l'une après l'autre. En effet, après le décès fin août de la comédienne marocaine Amina Rachid à l'âge de 83 ans, cette fois-ci c'est Ahmed Saâri, une icône des planches marocaines, qui vient de quitter la scène artistique marocaine. Le défunt qui était l'un des monuments et des précurseurs du théâtre national a tiré sa révérence dimanche 22 septembre à sa ville natale, Casablanca. Il avait 79 ans. Une vie dédiée aux planches. Le regretté a partagé sa carrière entre le père des arts, le cinéma et la télévision. Généreux, militant de la première heure pour les droits des artistes, Saâri a contribué avec d'autres figures emblématiques à l'effervescence de la scène artistique et théâtrale. «La scène artistique a perdu un des ses pionniers, Ahmed Saâri. La scène a perdu l'un de ses symboles et icones très rares et inclassables», nous affirme Lahoucine Chaâbi, dramaturge et critique du théâtre. Et d'ajouter : «C'est un comédien qui a beaucoup sur les planches, il est aussi spécialiste dans la gestion. Il était l'un des premiers qui organisent des tournées de spectacles dans les quatre coins du Maroc et au Maghreb notamment en Tunisie et l'Algérie». C'est en 1956, à l'âge de 16 ans, que le comédien entame son parcours artistique dans la «troupe de théâtre marocaine» qui regroupait une belle brochette de comédiens et de dramaturges marocains tels que Tayeb Saddiki, Ahmed Tayeb Laâlej, Mohamed Afifi et Abdessamad Kenfaoui. Que de grands noms qui avaient jeté les fondements d'un théâtre national enraciné dans sa culture populaire et millénaire, mais aussi ouvert sur l'universalisme. Après 9 ans d' expérience, Ahmed Saâri est devenu en 1965 professeur au Conservatoire municipal de musique, de danse et d'art dramatique de Casablanca qui a donné naissance à d'autres noms et futures figures emblématiques de la scène théâtrale nationale dont le couple Aziz Saâd Allah et Khadija Assad, les comédiens Houcine Beniaz (Baz), Fouad Saadllah, Smail Abou Lknater et Miloud El Habachi et d'autres artistes. Il a beaucoup donné sur les planches, mais aussi dans le travail syndical. «Il est un des fondateurs du syndicat national des professionnels du théâtre. Je me souvenais lors du premier congrès, le défunt a eu un grand nombre des votes, mais et il a cédé la présidence Aziz Saadallah. Il est aussi un formateur qui a formé beaucoup de comédiens et comédiennes.», ajoute Lahoucine Chaâbi. Il est à rappeler que le «Google du théâtre marocain», comme beaucoup aimaient l'appeler a vu le jour en 1940 dans une maison de Derb Lihoudi au quartier Derb Sultan. «Le théâtre national est en deuil. On a perdu un symbole, un pilier de la scène théâtrale nationale. Un grand comédien et militant qui a consacré sa vie à l'art et aux artistes», nous indique dans une déclaration à Al Bayane Mouhcine Massoud, président du Syndicat marocain des professionnels des arts dramatiques.