Petit pays situé au cœur du «triangle de la mort», cette région d'Amérique centrale minée par la violence, la pauvreté et la corruption qui comprend, également, le Salvador et le Guatemala le Honduras, qui compte une population de 10 millions d'habitants et qui se trouve à la merci des «maras», ces bandes criminelles qui y font régner la terreur, aurait enregistré, au cours du premier semestre de cette année, un taux de 37 meurtres / 100.000 habitants ; ce qui est encore particulièrement élevé même si, l'année dernière, ce taux était de 42 meurtres pour 100.000 habitants. En étant gangréné par une corruption endémique et en proie à la violence exercée à l'encontre de la population par de puissants gangs de trafiquants de drogue qui ont investi les plus hautes sphères de l'Etat depuis que le coup d'Etat de 2009, avait chassé du pouvoir le président de gauche Manuel Zelaya et confié les rênes du pays au Parti National (PN, droite), le Honduras est qualifié par la justice américaine, de «narco-Etat». D'ailleurs, durant la dernière campagne électorale au moins 28 acteurs politiques y ont été assassinés. Aussi, pour faire face à l'augmentation de la criminalité et de la violence des gangs, Xiomara Castro, la première femme élue présidente du pays, qui, dès sa prise de fonction en Janvier dernier, avait déclaré la guerre la corruption, a instauré, à partir de ce jeudi, l'Etat d'urgence sur l'ensemble du pays avec pour objectif de limiter – à défaut de pouvoir y mettre un terme – l'extorsion, l'impunité et le trafic de drogue et de renforcer la stratégie du gouvernement visant la « récupération immédiate des territoires de non-droit » alors que la pauvreté et le chômage qui touchent une importante frange de la population jointes à la violence des gangs de narco-trafiquants obligent, chaque jour, près de 800 honduriens à quitter le pays pour tenter d'accéder aux Etats-Unis et rejoindre le million de honduriens qui y vivent déjà, pour la plupart, sans papiers. L'instauration de cet Etat d'urgence qui suspend temporairement les règles normales régissant les arrestations et les perquisitions et apporte certaines limites à la liberté d'expression et de réunion est intervenue quelques jours à peine après que des centaines de chauffeurs de bus avaient manifesté, à Tegucigalpa, la capitale du pays, pour réclamer qu'ils soient mis à l'abri des extorsions de la part des bandes criminelles. Jorge Lanza, le chef des opérateurs de bus au Honduras, a déclaré, à ce propos, qu'ils ne peuvent « plus supporter que des travailleurs soient tués ou soient obligés de payer » et émis le souhait que les mesures prises par la cheffe de l'Etat s'inscrivent « dans la durée » car si depuis le début de cette année, cinquante chauffeurs de bus ont été assassinés, ce sont 2.500 qui ont été tués par les gangs de trafiquants ces quinze dernières années alors même que les entreprises et les chauffeurs ont été contraints de payer à ces bandes criminelles près de 10 millions de dollars pour pouvoir continuer à travailler. C'est donc à ce titre que, d'après le directeur de la police, Gustavo Sanchez, au moins 20.000 agents des forces spéciales et de la police ont été déployés à travers quelques 120 quartiers et districts de la capitale et de San Pedro, la deuxième ville du pays. Cela sera-t-il suffisant pour pousser les gangs de narco-trafiquants dans leurs derniers retranchements ? Rien n'est moins sûr tant leur capacité de nuisance et les moyens dont ils disposent sont énormes. Alors, attendons pour voir...