L'inflation bat des records dans la zone euro L'inflation dans la zone euro a battu un nouveau record en août, à 9,1% sur un an, a annoncé Eurostat mercredi, de quoi mettre la pression sur la Banque centrale européenne (BCE) qui devrait prochainement relever ses taux d'intérêt. L'inflation avait déjà atteint 8,9% en juillet pour les 19 pays partagent la monnaie unique. Ces chiffres sont les plus élevés enregistrés par l'office européen des statistiques depuis le début de la publication de l'indicateur en janvier 1997. Depuis novembre 2021, la hausse des prix à la consommation a atteint chaque mois un nouveau sommet historique, alors que la guerre en Ukraine attise une flambée des prix de l'énergie et de l'alimentation. Pour enrayer le phénomène, la BCE devrait sensiblement relever ses taux lors de sa prochaine réunion le 8 septembre, après une première hausse en juillet, mais au risque de refroidir une conjoncture économique déjà en berne. C'est ce qu'a immédiatement réclamé mercredi le président de la Banque centrale allemande (Bundesbank), Joachim Nagel, un « faucon » de la politique monétaire. « Il est urgent que le Conseil des gouverneurs de la BCE agisse de manière décisive lors de sa prochaine réunion », a-t-il affirmé dans un courriel adressé aux médias, rappelant que l'inflation se situait très au-dessus de l'objectif de 2% de la BCE. « Nous avons besoin d'une forte hausse des taux d'intérêt en septembre. Et d'autres hausses sont à prévoir dans les mois qui suivent », a-t-il dit. « Pour un nombre croissant de personnes, l'inflation élevée devient un fardeau énorme. Les ménages qui ont déjà peu d'argent pour joindre les deux bouts sont particulièrement touchés », a-t-il fait valoir. « La nouvelle hausse de l'inflation augmente la pression sur la BCE pour qu'elle accélère le resserrement monétaire », constate Jack Allen-Reynolds, expert du cabinet Capital Economics. Il juge probable « une hausse de 75 points de base la semaine prochaine ». Selon cet expert, « l'inflation augmentera encore dans les mois à venir » et pourrait atteindre « 10% avant la fin de l'année » car « la flambée des prix du gaz en Europe continue de se répercuter sur les tarifs de l'énergie et des denrées alimentaires ». Avec des salaires en hausse moyenne de 2,1% au deuxième trimestre, « la zone euro est confrontée à une compression sans précédent des revenus réels » des ménages, souligne de son côté Bert Colijn, de la banque ING. « Etant donné que l'économie ralentit rapidement – et est peut-être déjà en contraction – la question est de savoir dans quelle mesure la BCE doit freiner », s'est-il interrogé. Mais selon lui, « une nouvelle hausse d'au moins 50 points de base en septembre semble être une affaire réglée, les +faucons+ poussant pour 75 points de base ». M. Colijn se demande toutefois « comment réagira la BCE par la suite, si les signes de détresse économique deviennent plus apparents ». Parmi les composantes de l'inflation en zone euro, les prix de l'énergie ont de nouveau connu en août la hausse annuelle la plus élevée bien qu'en léger ralentissement, à 38,3% (contre 39,6% en juillet). Les prix de l'alimentation (y compris alcool et tabac) ont augmenté de 10,6%, après 9,8% en juillet. Ceux des biens industriels et des services ont progressé de respectivement 5% et 3,8%, également en accélération par rapport aux mois précédents. Par pays, l'inflation la plus faible a été enregistrée en France (6,5%). Elle atteint 8,8% en Allemagne, 9% en Italie et 10,3% en Espagne, selon les données harmonisées calculées par Eurostat. Les pays baltes ont connu les taux les plus élevés: 25,2% en Estonie, 21,1% en Lituanie et 20,8% en Lettonie.