Après avoir été élu, en 2018, sur la promesse de mettre fin à la corruption, le Premier ministre pakistanais, Imran Khan, avait fini par perdre le soutien populaire dont il bénéficiait quand les indicateurs économiques du pays avaient tellement chuté que le Fonds monétaire international (FMI) avait décidé de suspendre le prêt de six milliards de dollars qu'il devait accorder au gouvernement ; un emprunt qui vient, tout juste, d'être remis sur les rails par le nouveau gouvernement de Shehbaz Sharif. Toute crise économique donnant généralement lieu à une crise politique, le 10 Avril dernier, Imran Khan avait été renversé par une motion de censure et se bat, depuis lors, contre toute une série d'accusations, dont la violation de la loi anti-terroriste, voire même la trahison, pour ses commentaires sur la police et le système judiciaire si bien qu'il a été inculpé, lundi 22 Août, en vertu de la loi antiterroriste, pour des propos tenus samedi lors d'un rassemblement à Islamabad. Au cours de ce rassemblement, Imran Khan s'était attaqué à de hauts fonctionnaires de police et à une magistrate menaçant de « ne pas les épargner » et avait accusé le pouvoir judiciaire de « partialité » à l'égard de son parti au vu des mauvais traitements infligés à son directeur de cabinet Shahbaz Gill. Ainsi, outre le fait que l'autorité pakistanaise de régulation des médias (PEMRA) a interdit aux chaînes de télévisions de retransmettre en direct les allocutions d'Imran Khan au motif qu'il tient « des propos haineux susceptibles de troubler la paix et la tranquillité publiques », l'ancien Premier ministre pakistanais court le risque d'être arrêté à tout moment. La première étape du processus qui pourrait conduire à l'arrestation d'Imran Khan étant le rapport préliminaire qui a été déposé, ce dimanche, auprès des services de police, ses avocats ont réussi, néanmoins, à obtenir, lundi, de la Haute Cour d'Islamabad, une « libération sous caution avant arrestation » qui court jusqu'à jeudi. L'objectif de l'ancien Premier ministre étant, bien entendu, la tenue d'élections anticipées – ce à quoi le gouvernement s'oppose avec force en dépit des difficultés économiques auxquelles il est confronté – il est reproché à Imran Khan, d'avoir organisé, depuis son éviction, toute une série de rassemblements au cours desquels il a très souvent mis en garde les institutions du pays, voire même l'armée, contre le fait d'apporter leur soutien au gouvernement dirigé par Shehbaz Sharif, son rival politique de longue date. L'opposition ayant prévenu les autorités qu'elles franchiraient une « ligne rouge » si elles venaient à arrêter l'ancien Premier ministre, des centaines de ses partisans, venus de tous les coins du pays à l'effet d'empêcher son arrestation, se sont regroupés, ce lundi 22 Août, aux abords de son habitation, à Islamabad et en jugeant, de son côté, « sans fondement » les accusations portées contre son leader, le parti Pakistan Tehreek-e-insaf (PTI) d'Imran Khan a déclaré, dans un communiqué, émettre « de sérieuses réserves » quant à une éventuelle arrestation de son dirigeant car elle reposerait sur « des considérations politiques » qui ne pourraient que « renforcer l'instabilité dans le pays ». Imran Khan, l'ancienne gloire nationale de cricket qui fut la coqueluche de tous les pakistanais va-t-il finir derrière les barreaux ? Tout porte à le croire mais attendons pour voir... Nabil EL BOUSAADI