Réforme du système national de santé Ouardirhi Abdelaziz Conformément aux Hautes instructions de SM le Roi Mohammed VI, concernant la réforme du system national de santé, afin que celui-ci soit à la hauteur des défis de la généralisation de la couverture médicale universelle telle coordonnée par le Souverain, le ministre de la Santé et de la protection sociale, le professeur Khalid Aït Taleb avait présenté devant le Souverain un projet de loi-cadre 06-22, relatif au système national de santé. Ci-dessous les fondements de ce projet. Sollicitude Royale La mise en place de la couverture sanitaire universelle (CMU), va permettre l'extension de la couverture sanitaire à plus de 22 autres millions de citoyens. Elle se fixe plusieurs objectifs : disposer de plus de médecins, plus d'infirmiers et infirmières, de nouvelles infrastructures hospitalières, meilleure disponibilité des médicaments, une nouvelle gouvernance pour le secteur de la santé, création de la haute autorité de la santé, et de l'agence nationale des médicaments et des produits de santé, meilleure offre de soins ... Cet énorme projet décidé et voulu par SM le Roi Mohammed VI, est motivé par de très nombreuses incohérences, insuffisances, irrégularités, agissements, comportements inacceptables, qui ont porté atteinte au secteur de la santé depuis de nombreuses années. Une telle situation ne pouvait durer, car celles et ceux qui en souffrent le plus, qui pâtissent souvent en silence, sont les plus vulnérables, les plus pauvres. Un constat peu reluisant Parmi les nombreux problèmes dont a toujours souffert notre système de santé, il y a la répartition inéquitable du capital humain et technique sur l'ensemble du territoire national, qui reste encore dominée par un déséquilibre choquant qui pénalise lourdement et dangereusement le milieu rural. On ne doit pas se voiler la face et dire que tout va très bien, que l'année est belle. Il nous faut reconnaitre qu'au niveau de certaines zones enclavées, difficiles d'accès, il y a parfois un désert médical qui rappelle le moyen âge. Dans ces bourgs ou petits hameaux, villages, le droit à la santé est bafoué. Il n'y a pas d'équité, de justice sanitaire, et nos concitoyens en paient souvent le prix fort: la mortalité maternelle y est très élevée, nos concitoyens meurent par suite d'une morsure de scorpion ou de piqûre de vipère. La mortalité infantile fait aussi partie du lot funèbre... Dans ces conditions, il devenait très urgent de trouver des solutions afin de permettre à tous les citoyens marocains de pouvoir être correctement et dignement soignés là où ils habitent . Des efforts certes mais ...... Il est vrai que de nombreux efforts ont été consentis par le département de la santé depuis quelques années. Ce qui a contribué à désenclaver certaines régions, à permettre un meilleur accès aux soins et médicaments. Il est tout aussi vrai que nous avons assistés à de belles réalisations qui ont pu voir le jour, c'est le cas de la mise a niveau des urgences, les centres de régulation, les ambulances médicalisées, les hélicoptères pour faciliter les transports médicalises; la baisse des prix de milliers de médicaments .... Des actions louables mais insuffisantes. Surtout avec la crise sanitaire majeure qui a montré au grand jour les grandes failles tant sanitaires, économiques, que sociales...... Une profonde mutation du système de santé En effet, la pandémie de la Covid-19, qui a commencé au mois de mars 2020, a causé 1.251.766 de cas à ce jour. (18 juillet 2022), de nombreux malades ont du être hospitalisés au niveau des différentes structures hospitalières du Maroc, dont des milliers en réanimation et aux soins intensifs. Le pandémie semble se stabiliser, le coronavirus n'est plus virulent comme au premier jour, mais la Covid a entrainé dans son sillage 16.189 décès à ce jour. La pandémie Covid a mis à mal, notre système de santé, et porté un coup dur aux moyens humains et matériels dont nous disposons, tout en sachant qu'aujourd'hui sur un total de 23. 000 médecins exerçant au Maroc, 14.000 travaillent à l'étranger. Notre pays est donc confronté à une pénurie grave en personnels de santé estimée à 32.000 médecins et 69.000 infirmiers. Mettre en place la couverture médicale universelle risque de prendre du temps et verra l'émergence de nouveaux tracas et problèmes liés à la prise en charge des malades. Parce que nous ne voulons plus vivre de tels cauchemars, notre pays se doit d'anticiper, d'innover, nos décideurs et politiques doivent répondre avec exactitude à plusieurs question : quelle santé nous voulons pour les Marocains ? Qui va payer quoi ? Que faut-il privilégier ? Une médecine curative ou une médecine préventive ? Quel partenariat public-privé, pour quels services et quels résultats ? N'oublions pas que nos moyens sont ce qu'ils sont, surtout en ces temps conjoncturels marqués par la cherté de la vie. Nous devons disposer de toutes les réponses aux questions que nos concitoyens se posent concernant leur santé, surtout en cas de maladie. . Aujourd'hui, grâce à la sollicitude Royale, le secteur de la santé va connaître une mue, plus équitable, plus humain, plus performant, plus démocratique .... C'est ce que nous espérons tous avec la couverture médicale universelle, qui nous le souhaitons ne laissera personne en marge. Notre système de santé va connaître une profonde transformation de nature à hisser haut et fort le niveau de la médecine au Maroc, tout en garantissant des soins de qualité à toutes et à tous. Pour mieux appréhender les différentes innovations contenues dans le projet de loi cadre 06-22, relatif au système national de santé, nous vous présentons les quatre piliers de cette reforme sanitaire. Quatre piliers fondamentaux 1 / Adoption d'une bonne gouvernance 2 / Valorisation des ressources humaines 3 / Mise à niveau de l'offre de soins 4 / La digitalisation du système de santé 1er pilier : La bonne gouvernance La bonne gouvernance vise à renforcer les mécanismes de régulation. de l'action des différents acteurs. La consolidation de la gouvernance hospitalière. La planification territoriale de l'offre sanitaire sur tous les niveaux : stratégique, central, territorial. Niveau stratégiques : celui-ci se décline à travers la création d'une : haute autorité de la régulation intégrée de la santé « HARIS ».Une agence des médicaments et produits de santé. Une agence du sang et des produits dérivés du sang. Niveau central : celui-ci sera entrepris à travers la révision des missions, des fonctions et de l'organisation de l'administration centrale. Niveau territorial : il se réalisera à travers la création de groupements sanitaires territoriaux, qui seront principalement chargés ; de l'élaboration et de l'exécution du programme national régional ; du renforcement des mécanismes de coopération et de partenariat entre secteur public et secteur privé. 2ème pilier : La valorisation des ressources humaines Elle se réalisera à travers axes: l'élaboration de la loi sur la fonction publique sanitaire, en vue de motiver et d'encourager le capital humain dans le secteur public, et réduire le manque actuel des ressources humaines ; la réforme du système de formation ; l'ouverture sur les compétences médicales estrangères ; encouragement des cadres médicaux Marocains résidants à l'étranger à retourner travailler dans leur pays. 3ème pilier : L'offre de soins Mise à niveau de l'offre de soins en vue de répondre aux besoins et attentes des citoyens marocains en matière de facilitation de l'accès aux soins et services médicaux, l'amélioration de leur qualité et la répartition équitable des services hospitaliers à traves le territoire national via : la réhabilitation des structures sanitaires primaires, la mise à niveau des hôpitaux,l'instauration de l'obligation pour les patients du respect du parcours de soins, la création d'un système d'accréditation des établissements de santé. 4ème pilier : Digitalisation du système de santé Celle-ci va se concevoir à travers la mise en place d'un système d'informatique intègre pour le regroupement, le traitement et l'exploitation des principales informations ayant trait au système de santé. En conclusion, si nous voulons réellement avancer, nous devons reconnaître que notre système de santé souffre d'un très grand problème de gouvernance. On ne peut réformer notre système de santé sans s'attaquer en premier aux problèmes de gouvernance qui impactent la qualité et la quantité des services rendus à la population. Aujourd'hui, il y a de nombreuses personnes qui ne sont pas à la place qu'il faut. Certains occupent des postes de responsabilités très sensibles et sont en place depuis 10 ans et plus. On ne pourra pas innover, procéder aux changements, améliorer la gouvernance avec des individus qui ont acquis des mécanismes et reflexes d'une époque révolue. Cette réforme constitue indiscutablement un chantier important, et la création et mise en place prochaine de la Haute Autorité de la Santé. C'est une instance indépendante dont le but est de garantir la continuité et la qualité de la politique nationale en matière de santé, afin d'y remédier à de nombreuses irrégularités, dérapages et incohérences au niveau de secteur public et privé.