Saoudi El Amalki Depuis des décennies, les trois cinémas de la première station balnéaire du royaume qui, à coup sûr, avaient enchanté des générations à tout rompre, sombraient dans le délabrement total comme s'ils n'avaient jamais existé. Tour à tour, ces bâtisses soumises à la désuétude, s'effilochaient tels des hameaux abandonnés, pour se faire cibler par des barons du foncier, toujours à l'affût des proies immobilières. En effet, aussi bien Salam que Sahara et Rialto, la tentation juteuse de l'aubaine surexcite tous les prédateurs aux aguets, mais en parallèle, enrage tous les adeptes du septième art et la culture de la ville. C'est ainsi qu'une farouche résistance sans merci, s'est enclenchée parmi les acteurs de la société civile pour préserver ces édifices qui avaient ardemment marqué la mémoire collective de la communauté locale et ancré les souvenirs de la magie du grand écran, au temps des légendaires classiques du cinéma. Survoltés par cette fervente volonté de s'atteler à la besogne, ces militants tenaces se mobilisent à se constituer en collectif et se mettre le pied dans l'étrier afin de rassembler le maximum de partisans à cette cause, par le biais d'une pétition adressée aux décideurs du service régional voire central. Cette opération aura nécessité de larges campagnes de mise à contribution, d'inlassables efforts de mise en train et de vifs contacts de persuasion auprès des concernés. Un travail éléphantesque dont le dénouement salvateur de l'action ne s'est pas fait trop attendre puisqu'enfin ces braves combattants, par l'intermédiaire de tous les signataires, ont fini par avoir gain de cause de cette démarche de haute teneur civique. En fait, ce site patrimonial situé au prestigieux quartier de Talborjt fut acquis par la (SDL Souss Massa Aménagement), dans le cadre du (PDU) et relooké de fond en comble pour devenir un réel joyau culturel de la métropole. Coïncidant avec un événement de haute envergure qu'est Talweekend conçu et tenu par « Memory Agadir », avec l'appui de nombre de partenaires institutionnels, ce bijou, laborieusement renaît de ses cendres, se fait inaugurer récemment, en présence d'un imposant parterre de personnalités tant des officiels que des initiateurs premiers de cette merveille et bien d'autres composantes de la société. On ne peut alors que saluer vivement cette louable initiative qui dénote l'efficience de la persévérance pour la bonne cause, tout en souhaitant le même sort en direction de ces deux pairs dont l'un à savoir cinéma Salam aurait, croit-on bien savoir, été dédié à la ville par un opérateur économique de la cité, comme annoncé à la cérémonie d'inauguration du cinéma Sahara. «Jamais deux sans trois !», a-t-on souvent l'habitude de dire dans pareilles circonstances, allusion faite au cinéma Rialto qui, assurément subirait le même traitement, dans le sillage de l'embellie du cinéma en ville. En attendant, comme à son accoutumée, le festival international de cinéma et migrations y tiendra sa 18ème édition dont l'ouverture est prévue le 13 juin prochain. Il est donc insensé que cette infrastructure vétuste n'ouvre ses portes qu'une fois par an, pendant ce beau festival thématique fort attractif !