Invité de l'émission « L'info en face » Khalid Darfaf « On aimerait bien savoir ce que ce gouvernement est en train de gérer? », s'est interrogé Nabil Benabdallah, Secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS), lors de l'émission « L'info en face », présentée par la journaliste Rachid Hallaouy et diffusée le lundi 9 mai sur la plateforme Youtube. Il faut dire, a-t-il insisté, que la portée politique et la force communicationnel sont des éléments quasi-absents chez l'Exécutif actuel. Autrement dit, le gouvernement Aziz Akhannouch est un gouvernement timide voire timoré, a-t-il souligné avec insistance. Nabil Benabdallah a ainsi mis en garde les responsables de l'Exécutif contre le fait d'endosser la responsabilité de leur échec aux gouvernements précédents tout en renonçant à sa mission qui est de résoudre les problèmes. Faisant allusion à la libéralisation du marché de l'hydrocarbure, le leader du Parti du Livre a été on ne peut plus clair en indiquant que la sortie parlementaire du chef du de gouvernement a été malheureuse, en affirmant devant les députés de la nation qu'il ne peut rien. D'ailleurs, a-t-il ajouté que son parti détenait auparavant des postes ministériels clés y compris celui des finances et de l'économie. Abondant dans le même ordre d'idées, Nabil Benabdallah a déclaré qu'il est « favorable à toutes les mesures qui pourraient alléger le fardeau des couches les plus démunies et des classes moyennes et ce qui est de nature à soutenir les entreprises ». Or, force est de constater que ce gouvernement ne sait pas jusqu'à ce jour prendre des décisions. En réponse à une question concernant la responsabilité du PPS quant à la décision de la réforme de la caisse de la compensation et la libéralisation du secteur des hydrocarbures, l'ancien ministre de l'Habitat a affirmé que son parti a conditionné son accord à cette mesure en exigeant que les fonds dégagés de la non-compensation soient destinés systématiquement aux classes défavorisées et démunies. Malheureusement, il n'y avait pas de mesures concrètes prises dans ce sens, a-t-il noté non sans amertume. En plus, Benabdallah a rappelé que son parti a demandé à trouver des solutions au cas où les prix augmenteraient à une hauteur qui n'est pas soutenable. « Nous espérions que ce gouvernement qui dispose d'une forte majorité soit porteur d'une vision globale. Or, ce n'est pas le cas », a-t-il noté, tout en avançant que certaines mesures prises relèvent purement du replâtrage. Ceci étant, la déclaration gouvernementale mise sous l'étiquette du nouveau modèle de développement ou encore l'Etat social tarde encore à voir le jour. Comme quoi, le gouvernement se contente à gérer l'existant et de colmater des brèches. . « Il y a un portage politique extrêmement faible chez le gouvernement qui est aux abonnés absents au niveau communicationnel », a-t-il souligné. Samir ou l'indépendance énergétique Pour le dirigeant du PPS, il existe des mesures possibles pour résoudre la question des hydrocarbures, à commencer par la réduction de la taxe intérieure de la consommation (TIC). Qui plus est, l'invité a soulevé les bénéfices ignobles réalisés par les sociétés de distribution et qui se chiffrent à des dizaines de milliards de dhs. Or, dans les pays les plus avancés (France, Espagne), des décisions ont été prises pour que les sociétés pétrolières qui assument une partie de la hausse des prix en procédant à la réduction de leurs marges bénéficiaires. Autre point non moins important concerne le dossier de la Samir qui traîne encore. « La Samir demeure liée à notre indépendance énergétique. Or, il semble que ce dossier n'intéresse point les gestionnaires de la chose publique parce que le conflit d'intérêt est patent, sachant que le gouvernement a été interpellé à maintes reprises sans donner de réponses,» a-t-il ajouté. Et de poursuivre : « jusqu'à quand nous allons laisser trainer ce dossier, car lorsque l'Etat décide de résoudre une situation, il peut le faire en quelques semaines. Malheureusement, ce n'est pas le cas. » En termes plus clairs, « ce gouvernement n'est pas porteur de la volonté politique ou encore de la capacité de décision», a-t-il dit avant de mettre l'accent sur le fait que le PPS soit un fervent défenseur des secteurs stratégiques (énergie, transport, éducation…) car ils relèvent de la propriété collective et auxquels les Marocains doivent accéder de manière égale. Le leader du Parti du Livre n'a pas manqué l'occasion pour exprimer son refus catégorique à tout processus de privatisation qui débouche sur un renchérissement des services et, par conséquent, mène à plus d'inégalités entre les citoyens. Il faut dire, selon le Secrétaire général du PPS qu'il faut extrêmement des moyens pour relancer l'économie nationale, comme le soutien de la commande publique ou la relance du processus d'industrialisation. « Une économie qui repose à ce jour sur l'agriculture est une hérésie, surtout pour un pays qui manque de ressources hydriques », a-t-il averti. S'agissant du champ politique, Benabdallah a indiqué que le fossé est béant entre la classe politique et les citoyens tout en insistant sur le fait qu'il serait impossible de faire aboutir le nouveau modèle de développement et de concrétiser le slogan de l'Etat social sans un portage politique fort voire une réforme du champ politique. Pour ce faire, cela requiert une nouvelle attitude de la part de l'Etat et de la part des partis politiques qui sont tenus de recouvrer la raison de leur existence afin qu'ils soient capables de supporter le changement, a recommandé le dirigeant du PPS.