La problématique de la souveraineté énergétique doit être placée au cœur des politiques publiques voire des stratégies du développement du pays, ont souligné les participants au webinaire organisé vendredi 17 juillet 2020 par le Front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine du pétrole autour du thème «L'autonomie énergétique du Maroc dans le contexte du projet de transfert des actifs de la société La Samir à l'Etat». Ont pris part à cette rencontre on ligne Abdelouahed Souhaïl, membre du Bureau politique du Parti du progrès et du socialisme (PPS) et Mehdi Mezouari, membre du Bureau politique de l'Union socialiste des forces populaires (USFP). La modération a été assurée par Mohammed Benmoussa, vice-président du Front, qui a tenu à rappeler que cette rencontre s'inscrit dans le cadre de deux propositions de lois relatives au transfert des actifs de la Samir à l'Etat et la régulation des tarifs des hydrocarbures, et qui ont eu un soutien affirmé de la majorité des forces politiques du pays, hormis quelques partis politiques tout en notant que la gestion de ce dossier est plus ou moins synonyme d'un échec collectif qui remonte d'ailleurs au lendemain de sa privatisation. Il va sans dire que la décision de la construction de la raffinerie en 1959 par un gouvernement visionnaire, celui d'Abdallah Ibrahim, fut un événement de haute portée politique et économique, visant à mettre le Maroc à l'abri de la domination du cartel pétrolier, a indiqué Abdelouahed Souhaïl. En fait, a-t-il ajouté, ce joyau national, bâti dans un contexte difficile, sous l'impulsion de l'Etat avec des partenaires de hauts niveaux, doté d'un mangement extraordinaire, témoigne de la perspicacité des décideurs qui n'ont cessé d'œuvrer pour le développement de la capacité de production de cette unité industrielle atteignant 5 millions de tonnes par an. Outre les aspects économiques, la présence dans la Samir dans le tissu industriel relève des considérations stratégiques et sécuritaires du pays, a ajouté le responsable du PPS. Le CIRDI a une religion! Malheureusement, a-t-il insisté, «le Maroc est privé aujourd'hui d'un outil important qu'il l'a d'ailleurs payé cher et qu'on a l'impression qu'au fil du temps, surtout avec les tracasseries juridiques, la prise de conscience pour solutionner le problème s'est amoindrie», a-t-il laissé entendre. «La raison requiert qu'on n'a plus le droit de perdre le temps ou encore reléguer ce dossier au second plan, a-t-il martelé, avant de déplorer le fait que les décideurs ont «laissé pourrir ce dossier». En termes plus clairs, «le temps politique dans ce pays ne donne pas toute l'attention nécessaire a des problématiques aussi complexe et grave comme celle de la Samir», a-t-il noté en substance. Cela étant, «il est du devoir de l'Etat de prendre les choses en main en s'attelant à trouver les formules nécessaires pour faire aboutir ce dossier et ce en fonction des techniques et des choix qui se présentent», a-t-il avancé. Il faut dire, selon l'ancien ministre, que les scénarii de sortie de la crise ne manquent pas, appelant ainsi l'Exécutif à faire preuve de volonté politique. A titre indicatif, le conférencier donne l'exemple du Fonds Hassan II qui peut contribuer que ce soit dans le cadre d'un partenariat public-privé ou via un partenariat public-public ou encore dans le cadre d'un tour de table avec les créanciers concernés en vue mettre en place un plan d'action spécifique. Pour ce faire, «il faut juste que l'Etat se dote du courage nécessaire et clarifie sa position par rapport à l'industrie du raffinage pétrolier, a-t-il déclaré, en notant dans ce sens que «le gouvernement actuel et ceux qui l'ont précédé n'ont pas été au niveau pour régler ce dossier extrêmement important». Grosso modo, pour lui, «la crise de la Samir qui est synonyme de la catastrophe de Jerada mérite et doit mériter davantage un courage politique accompagné des actions concrètes et une communication transparentes et claires à l'égard des députés de la nation et les acteurs économiques», a-t-il appelé. Abondant dans le même ordre d'idées, l'ancien ministre de l'Emploi a indiqué que la crise de la Samir traduit incontestablement un véritable déficit de gouvernance démocratique tout en exprimant son inquiétude quant au sort de l'affaire opposant le Maroc au fonds d'investissement Carlyle, portée devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI). «Ce type d'arbitrage a une religion bien précise, celle de défendre les intérêts privés et juge les dossiers en termes de forme au lieu d'aller à l'essence des choses», a-t-il fait remarquer. Khalid Darfaf