Dans une nouvelle lettre adressée au Chef de l'Exécutif. Le front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole appelle le gouvernement à lever les obstacles qui entravent la reprise des activités de la Samir et à exploiter toutes les capacités de stockage et du raffinage de l'entreprise en faisant prévaloir l'intérêt général de la nation. Dans une déclaration à Al Bayane, Houcine El Yamani, président du Front, a jugé que la décision judicaire autorisant l'Etat à disposer des capacités de stockage de la Samir constitue une reconnaissance du rôle stratégique de ce joyau industriel. D'ailleurs, a-t-il insisté, «cette décision a mis a nu les déclarations infondées de certains responsables alléguant que la raffinerie n'est qu'un amas de ferrailles qui ne sert plus à rien», avant de mettre l'accent sur le fait que «cette initiative de l'Etat devrait constituer un prélude pour une solution complète à ce dossier épineux». Autrement dit, la location des cuves de la Samir ne devrait nullement saper les efforts du transfert de l'entreprise, a-t-il mis en garde. L'Etat à la merci des distributeurs Il faut dire, selon notre interlocuteur, que le recours aux cuves de la Samir, explique l'échec de la politique pétrolière de l'Etat et ce en misant sur le mauvais cheval. «Le fait de parier sur les importations des produits pétroliers raffinés a montré l'étroitesse de la stratégie de l'Etat en matière de souveraineté énergétique», a-t-il noté en substance. Abondant dans le même ordre d'idées, le président du Front national a indiqué que le Maroc a raté une occasion d'or au moment où le prix du baril de brent avoisinait les 18 dollars. Autrement dit, si les cuves de la Samir fonctionnaient à plein régime, celles-ci auraient pu rapporter au moins 4 milliards de DH en une seule opération. «Une raffinerie pétrolière est un moyen pour transformer la crise en opportunité business en moment de crise», a-t-il martelé. Pour Houcine El Yamani, l'Etat a dû subir le chantage depuis la privatisation de l'entreprise que ce soit pendant l'ère d'Al-Amoudi ou encore depuis la libéralisation du secteur, en étant à la merci des distributeurs. Outre les prix excessifs pratiqués par ces derniers au détriment des consommateurs, tous les rapports établis par les instances compétentes ont mis en garde quant à la baisse critique des réserves de sécurité des hydrocarbures, ce qui met en cause la souveraineté énergique du pays. A cela s'ajoute la qualité des produits qui laissent amplement à désirer. Et pour cause, la multiplication des zones d'entrée a rendu difficile l'opération de s'assurer de la qualité des produits importés, a-t-il confié. En plus de cela, les prix affichés actuellement par les stations-service sont excessifs par rapport à la réalité du marché. A titre indicatif, le prix du gasoil devrait être vendu à 5,80 DH le litre au lieu de 7,13 DH, a-t-il expliqué. Et ce n'est pas tout, notre interlocuteur pose l'hypothèse d'une crise mondiale où les frontières entre les Etats seraient totalement fermées, la sécurité du pays serait certainement menacée. Comme quoi, la sécurité énergétique ne doit nullement relever d'une logique de marchandisation, loin s'en faut, il s'agit d'un secteur stratégique devant être géré par l'Etat, point barre. Khalid Darfaf