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Liquidation de la Samir: soulagement prudent des employés
Publié dans Albayane le 28 - 03 - 2016

Quel sort sera réservé à la Samir ? Voilà la question qui taraude tous les salariés de l'unique raffineur national du royaume. Il faut dire que la décision du tribunal de commerce de Casablanca ordonnant une liquidation judicaire de l'entreprise tout en autorisant la reprise des activités d'exploitation a apporté un brin d'espoir au personnel et laissé la porte ouverte à des scénarios optimistes. Selon des sources, le syndic désigné par le tribunal manifeste de bonnes intentions : «Je ne suis pas venu pour liquider l'entreprise», aurait-t-il déclaré.
Par ailleurs, la sortie médiatique du gouverneur de la Banque centrale, Abdellatif Jouahri, soulignant que la liquidation judiciaire ne veut pas dire ipso facto fermeture de la raffinerie, a suscité un ouf de soulagement chez les habitants de la ville de Mohammedia.
Autrement dit, les pouvoirs publics ont tout intérêt à préserver cette unité industrielle, car dans le cas contraire, ce serait certainement une catastrophe pour l'économie nationale, à l'instar de celle de Jerada. En termes plus clairs, toute l'économie de la ville est axée autour de la raffinerie. En premier lieu, figure le port, conçu uniquement pour l'activité pétrolière et dont le trafic a baissé récemment à plus de 70% à cause de la crise que vit la Samir. En deuxième lieu, il ne faut pas omettre que cette dernière emploie quelque 6000 personnes, réparties entre salariés titulaires, sous-traitants..., soit le quart de la population active. D'autant plus que la société est dotée de moyens de production sophistiqués, à même de produire du gasoil 5 ppm. « C'est l'une des raffineries les plus modernes sur le continent africain ; et sa protection devrait figurer sur l'agenda de l'Etat, car il y va de la souveraineté énergétique du Maroc », déclare un responsable syndical.
D'ailleurs, lors de l'Assemblée générale du front syndical, composée des syndicats les plus représentatifs (CDT, FDT et UNTM) , tenue jeudi 24 mars à Mohammedia, les salariés ont été unanimes à reprendre la production dans les plus brefs délais. « Nous revendiquons une reprise immédiate et durable des activités de production de l'entreprise », a martelé Houcine El Yamani, coordinateur du front syndical.
Déjà la nouvelle unité «Topping 4 » est fin prête, et tous les employés sont sur le qui-vive pour se mettre à la besogne. Selon nos sources, des instructions auraient été données pour assurer l'accostage à une cargaison pétrolière en attente depuis le 5 août, date de cessation de des activités de la raffinerie. En tout cas, si toutes les conditions sont réunies, le produit final sera mis sur le marché au plus tard dans 15 jours. Mais une question se pose avec acuité : Comment l'entreprise va-t-elle procéder pour commercialiser son produit sur le marché ? Y aura-t-il une intervention de l'Etat ?
Autant de questions nécessitant des réponses claires de la part des décideurs du pays, sachant que la majorité des salariés amputent la responsabilité à l'Etat qui a privatisé l'entreprise sans mettre en place un organe de contrôle.
Par ailleurs, les salariés mettent en avant un certain nombre de conditions pour réussir une telle opération : l'activation du comité de sécurité et d'hygiène et de celui relatif à l'entreprise. Qui plus est, les centrales syndicales aspirent à l'établissement d'un nouveau contrat garantissant les acquis des salariés. D'où la question sur l'élaboration du cahier des charges. Autrement dit, « l'élaboration du cahier des charges en vertu duquel la société SAMIR sera gérée, doit être la priorité des priorités du front syndicale SAMIR », ont estimé plusieurs intervenants lors de l'assemblée générale.
Comme quoi, les partenaires sociaux devraient être impliqués dans le processus décisionnel de l'établissement du cahier des charges. Démocratie oblige !
Houcine El Yamani, coordinateur du front syndical SAMIR estime que la situation où se trouve aujourd'hui la société est due en grande partie à un mauvais management de l'entreprise, mais aussi à la démission de l'Etat de l'une de ses principales missions, notamment celle de régulateur du secteur. Selon le responsable syndical, la reprise de l'entreprise par l'Etat serait la solution idoine, car en fin de compte un secteur stratégique doit relever de la souveraineté énergétique du pays.
Al Bayane : Quels sont les véritables causes qui ont contribué à la situation où se trouve aujourd'hui la société la Samir ?
Houcine El Yamani : Les causes de la situation désastreuse où se trouve aujourd'hui l'entreprise sont multiples. Cependant, je dois souligner que la responsabilité se situe à deux niveaux. D'abord, il y a la responsabilité de la direction actuelle qui n'a pas été au rendez-vous et qui s'est départie de ses engagements d'injecter les fonds nécessaires dans le capital de l'entreprise, dans l'espoir de la sauver. Secundo, l'Etat marocain y a pour sa part une grande responsabilité, en ayant failli à sa mission de contrôle de l'entreprise, depuis sa privatisation en 1997. A titre indicatif, l'Etat n'est plus représenté au sein du conseil d'administration, ce qui suscite des interrogations sur sa fonction régulatrice du secteur
Est-ce que cela signifie qu'on est face à une crise de gouvernance ?
Evidemment oui. Comme j'ai souligné à maintes reprises, la crise actuelle est due à une mauvaise gouvernance et un mode de management qui laisse amplement à désirer. En fait, la direction actuelle, au lieu de privilégier les intérêts de tous les acteurs, a choisi la voie du conflit avec tous les acteurs : syndicats, distributeurs, autorités publiques, bref tout l'environnement de l'entreprise.
En tant que syndicat, notre relation avec la direction a été basée sur la tension. Après la grève de 2011, plusieurs salariés ont été mis abusivement à la porte. Idem avec les distributeurs, la direction a fait la sourde oreille, au lieu de trouver avec eux un modus vivendi afin de parvenir à un partenariat win-win. Encore pis ! Le fameux communiqué du 5 août a entamé l'image de l'entreprise, alors que notre pays se préparerait à l'organisation des élections communales et régionales.
Qu'est-ce que vous revendiquez exactement ?
En tant que représentant des salariés et militant syndical, nous voulons la mise en place d'une nouvelle direction, dotée du sens de responsabilité, à l'écoute de ses partenaires sociaux, et interactive avec son environnement économique.
Quel commentaire faites-vous du verdict du tribunal de Commerce de Casablanca ?
Nous ne pourrons que nous conformer à la décision du tribunal. Toutefois, nous n'avons jamais envisagé que ce dossier se retrouve devant la justice, car nous considérons qu'il s'agit d'un dossier politique par excellence qui devrait être réglé à l'amiable et par la voie du dialogue. Malheureusement, l'expertise établie par le tribunal a mis à nu la santé financière de la société.
Toutefois, je dois mettre l'accent sur le fait que nous voulons une solution durable pour sauver la société. Ainsi, nous comptons entamer des négociations avec toutes les parties. Juridiquement parlant, la liquidation signifie que l'entreprise va être vendue aux enchères.
En tant que représentant syndical, nous voulons un retour de l'Etat, car un secteur stratégique, comme celui des hydrocarbures doit être contrôlé par l'Etat.
Abdelghani Rakki, membre et coordinateur de la Fédération de la gauche démocratique au sein du front local pour le suivi de la crise de la Samir, appelle à ce que l'Etat reprenne les choses en main, en procédant à la nationalisation de l'entreprise, qui se trouve au bord du gouffre. Notre interlocuteur met en garde contre toute option de fermeture, soulignant dans ce sens que la population est prête à descendre une nouvelle fois dans la rue pour protester activement contre une éventuelle décision.
Al Bayane : A votre avis pourquoi la Samir en est-elle arrivée là ?
Abdelghani Rakki : Cela est certainement dû à la décision de l'Etat de procéder à la privatisation de ce secteur. Ce qui ne signifie nullement que sommes contre la privatisation. Mais, quand il s'agit d'un secteur stratégique, qui relève de la souveraineté énergétique de l'Etat, alors là je pense qu'on a eu tort.
Pouvez-vous nous expliquer plus ?
La privatisation requiert un cahier des charges où les responsabilités de l'investisseur sont bien déterminées. Ceci étant dit, l'Etat devrait assumer son rôle quant au contrôle de l'opération de production. Apparemment, cela n'a pas été fait. Encore pis ! L'investisseur a procédé aux ventes de plusieurs biens appartenant à l'entreprise, comme c'est le cas à Sidi-Kacem, Rabat, Mohammedia, entre autres. En plus, au lieu de respecter ses engagements en matière d'investissements, le soi-disant investisseur avait recouru à des emprunts qui ont plombé la situation financière de la SAMIR.
En tant que front local, comment envisagez-vous porter votre soutien aux salariés ?
Le front local est composé d'associations de la société civile, de partis politiques, de syndicats ainsi que d'un collectif d'avocats, qui ont pris en charge la cause de tous les salariés. Ainsi, nous avons organisé plusieurs marches de protestation, des sit-in, pour exprimer notre ferme soutien à leur cause.
Nous gardons espoir à ce que l'entreprise démarre ses activités dans les plus brefs délais. Heureusement qu'il a des signes forts de la part des responsables de l'Etat laissant jaillir une lueur de lumière.
Qu'est-ce que vous revendiquez exactement ?
Nous aspirons à ce que l'Etat reprenne les choses en main en procédant à la nationalisation de l'entreprise, car il s'agit de notre souveraineté nationale et de l'intérêt suprême de l'Etat. Le Maroc ne devrait pas être à la merci de certains lobbys qui ne pensent uniquement qu'à leurs intérêts au détriment de l'intérêt suprême de la nation.
Comment allez-vous réagir au cas où il y aurait une fermeture de la SAMIR ?
Nous rejetons catégoriquement une telle option. Nous sommes prêts à descendre une nouvelle fois dans la rue pour protester activement contre une éventuelle décision. C'est l'affaire de toute une nation et non pas seulement des employés de la SAMIR. Nous ne voulons pas que le scénario de la ville de Jerada se reproduise encore une fois.


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