Nass El Ghiwan est un groupe musical marocain, né dans les années 1970 à Casablanca au quartier Hay Mohammadi, l'un des quartiers les plus pauvres de la ville et composé au départ de cinq musiciens : Laarbi Batma, Omar Sayed, Boujmîa, Allal Yaâla et Aziz Tahiri qui sera plus tard remplacé par Abderhmane Paco. Ils n'avaient d'autre richesse que leurs chants et leurs rythmes, par lesquels ils se transportaient vers leurs racines. Leur répertoire est puisé dans le creuset de la culture et la poésie marocaine et arabo-andalouse, mais aussi dans des textes religieux issus de grandes figures religieuses de l'Islam. Grâce à leurs paroles engagées et poétiques reflétant les malaises de la jeunesse marocaine de l'époque et à leurs rythmes puissants, joués à l'aide d'instruments traditionnels, ils ont révolutionné la musique marocaine et maghrébine et laissé une marque indélébile dans le paysage culturel du pays. Nass El Ghiwane furent portés aux nues par une jeunesse dont ils incarnaient les idéaux. Chaque apparition du groupe sur scène provoquait le chaos. On a vu des garçons se jeter du balcon pour atterrir sur la scène, non sans dégâts corporels. Les chaises volaient en éclats, les chemises tournoyaient dans l'air, les spectateurs entraient dans une furieuse transe. La police était sur les dents. Inimaginable ! En quelques chansons, dont les subversives, pour l'époque, A Sobhane Ilah (contre la gangrène corruptrice) et Ma hammouni (dénonciation de la répression), voilà Nass El Ghiwane devenus des étoiles indécrochables, qui gardaient les pieds sur terre. Et pour parer aux désagréments de la ghiwanemania, ils se réfugiaient dans l'anonymat. Malgré les années « Les Rolling Stones de l'Afrique » restent très largement connus au Maroc et ailleurs, mais désormais sans Larbi Batma, décédé d'un cancer des poumons et qui a rejoint feu Boujmâa en 1997. En 2003, un livre est publié regroupant l'ensemble des textes de leurs chansons en Darija intitulé Klam el-Ghiwan. Un chemin semé de gloire. La légende de Nass El Ghiwane ne prit pas une ride. Ils étaient de plus en plus adulés. Les monstres sacrés des seventies et des eighties les admiraient : Jimmy Hendrix, Bob Marley, Peter Gabriel, les Rolling Stones. Martin Scorsese les qualifia de «Rolling Stones de l'Afrique». Un autre cinéaste, Ahmed Maânouni leur consacra le film Transes. Une palanquée de monographies, de thèses et d'ouvrages furent dédiés à leur chevauchée fantastique. Quatre marocains dans le vent et une véritable légende : celle de Nass El Ghiwan. Un groupe mythique qui a révolutionné la musique marocaine dans les années 70 en la mettant en transe. Ceux que Martin Scorsese appelait « les Rolling Stones de l'Afrique » n'ont rien à envier à ces derniers en popularité et en passion déchaînée, et cela fait plus de trente ans que ça dure.