Nabil EL BOUSAADI Au Cambodge, petite monarchie constitutionnelle de 16,7 millions d'habitants, dans laquelle le pouvoir est détenu, depuis 36 ans, par le Premier ministre et ancien khmer rouge, Hun Sen, 69 ans, la succession est, désormais, une affaire de famille. Mais s'il y a longtemps déjà que le Premier ministre affiche clairement sa volonté de passer le flambeau à son fils ainé Hun Manet, 44 ans, commandant en chef adjoint des Forces Armées Royales Cambodgiennes depuis 2018, diplômé de l'école militaire de West Point aux Etats-Unis et à la tête de la « Section Jeunesse » du Parti du peuple cambodgien, l'ancien parti communiste du Cambodge, vendredi 24 décembre, les 800 membres du Congrès du Parti, ont officiellement répondu positivement au souhait du Président du PPC en désignant, à l'unanimité, son fils ainé, comme « futur candidat pour briguer le poste de Premier ministre ». Mais en considérant que la désignation du fils aîné du Premier ministre – seul en lice – comme « futur candidat » par le Comité Central du PPC marque, néanmoins, le début de la sortie politique de Hun Sen, l'homme fort du Cambodge depuis 36 ans, l'opposant cambodgien Sam Rainsy, exilé en France, a qualifié cet évènement de « triomphe temporaire du népotisme (dès lors que) le principal objectif (du Premier ministre) reste la préservation de l'impunité associée au pouvoir pour sa famille ». Ces dernières années, la succession voulue par son père s'était faite de plus en plus visible puisqu'en Février dernier, en pleine pandémie du Covid-19, c'est le fils lui-même qui avait rencontré le dirigeant chinois Xi Jinping à Pékin pour une réunion de travail entre les dirigeants des deux pays et que la semaine dernière, le président vietnamien Nguyen Xuan a reçu, à Phnom Penh, le père et le fils et que la photo officielle immortalisant l'évènement le montre flanqué de Hun Sen à sa droite et de Hun Manet à sa gauche. Ainsi, après presque quatre décennies d'un règne ininterrompu sur la politique cambodgienne, il est sûr que l'héritage politique du Premier ministre restera entre les mains de son fils bien que le porte-parole du PPC, Sok Eysan, ait déclaré que le parti continuera de soutenir le Premier ministre Hun Sen qui, pour l'heure, n'a aucune intention de démissionner et qu'aucun calendrier de succession n'a encore été arrêté. D'ailleurs, au début du mois de Décembre dernier, Hun Sen avait fait savoir qu'il soutiendrait son fils aîné comme successeur mais n'avait pas donné de plus amples précisions quant à ses intentions pour les échéances électorales qui devraient se tenir en 2023. Or, comme l'a dit, à Reuters, l'analyste politique Lao Mong Hay, bien que l'accession au pouvoir de Hun Manet à la suite de son père soit, désormais, assurée, « la question de savoir s'il lui succèdera lors des élections de 2023 ou lors de celles qui devraient avoir lieu en 2028 va, cependant, faire l'objet de tractations au sein du parti ». Donc, rien n'est dit quant à la date à laquelle aura lieu le passage du flambeau car, en dépit de ses 69 ans, l'ancien khmer rouge avait, déjà, manifesté son souhait de rester au pouvoir au moins jusqu'en 2025 voire même 2028. Partant de là, l'indéboulonnable Premier ministre cambodgien n'aura donc aucun mal à assurer sa propre réélection lors des prochaines législatives et ce, d'autant plus que son parti détient la totalité des sièges de l'Assemblée Nationale et que la dissolution, en 2017, du Parti du sauvetage national du Cambodge (PSNC) qui était le principal parti d'opposition, confirme, s'il en est encore besoin, que personne ne se dressera en travers de son chemin. Mais qui du père ou du fils sera candidat aux prochaines élections qui se tiendront en 2023 ? Attendons pour voir...