Le Musée Bank Al-Maghrib organise, jusqu' au 30 Mai 2022, l'exposition temporaire «Sijilmassa, Carrefour de civilisations et de commerce», un évènement qui s'inscrit dans le cycle des expositions numismatiques du Musée. Le vernissage a eu lieu jeudi 23 décembre 2021 à 17h30 dans les locaux du Musée Bank Al-Maghrib. L'exposition «Sijilmassa, Carrefour de civilisations et de commerce» met la lumière sur cette légendaire cité dont l'atelier monétaire était l'un des plus dynamiques à l'échelle du Maghrib al-Aqsâ et de l'Occident musulman durant toute la période médiévale. La situation stratégique de la ville de Sijilmassa sur l'une des principales routes du commerce caravanier vers l'Afrique subsaharienne a sans doute favorisé une activité de frappe monétaire prospère soutenue de son atelier, resté opérationnel sous presque toutes les dynasties qui se sont succédé au pouvoir au Maroc. Cette exposition illustre le rôle financier que la ville de Sijilmassa a joué dans l'histoire du Maroc depuis sa fondation, au début de l'époque islamique, jusqu'à l'avènement de la dynastie alaouite. Pour les organisateurs, l'exposition ambitionne d'offrir aux visiteurs l'expérience de plonger dans le passé glorieux de Sijilmassa et de mettre en exergue, outre la spécificité géographique de la cité, son architecture et son histoire, à travers un parcours en trois axes illustrés par une riche sélection de précieux objets archéologiques et d'un ensemble de pièces de monnaies inédites, provenant des collections du Musée Bank Al-Maghrib, ainsi que d'autres collections publiques qui seron mobilisées pour appréhender l'histoire riche de la ville de Sijilmassa. Le parcrours de l'exposition est imaginé ainsi : un premier axe dédié à Sijilmassa, espace et potentialités naturelles. Sijilmassa est implantée au coeur de l'oasis de Tafilalt, une immense zone de culture de 150 km2 située au sud-est du Maroc, au sud de l'actuelle province d'Errachidia. La constitution de la puissance urbaine de la ville oasienne de Sijilmassa, remonte au milieu du 2e siècle de l'hégire. Son émergence est concomitante au creusement du canal artificiel de l'oued Ziz sous les auspices des fondateurs de la ville, les Midrarides, et qui a généreusement alimenté la ville et créé l'une des oasis les plus étendues du monde. AXE 2 : Sijilmassa : un atelier monétaire millénaire La frappe monétaire est certainement l'activité qui a hissé Sijilmassa au rang du centre urbain le plus dynamique à l'échelle du Maghrib al-Aqsâ et de l'Occident méditerranéen. La longévité de cet atelier est remarquable et unique dans l'histoire du Maroc. Sa célébrité est liée à l'exploitation de l'or importé de l'Afrique équatoriale. Les ressources minières locales ont permis, quant à elles, de produire des monnaies en argent et en cuivre jusqu'à l'époque alaouite. Le commerce transsaharien, les lignes navales reliant les deux rives de la Méditerranée et la route du pèlerinage à la Mecque ont assuré à la forte monnaie de Sijilmassa une diffusion sans précédent. Elle a alimenté en monnaie fiduciaire, des siècles durant, les centres urbains du Maghreb, du Mashrek et du pourtour méditerranéen. AXE 3 : Sijilmassa : cité lettrée et spirituelle La prépondérance du rôle économique et commercial de Sijilmassa a relégué au second plan la vie spirituelle et intellectuelle de cette dernière. Pourtant, le rôle de la ville a commencé depuis sa fondation sous les Midrarides. La doctrine kharijite soufrite y a trouvé un refuge et un centre de propagande. C'est par un prince midraride aussi que la ville s'inscrit pleinement dans le sunnisme malékite avant de subir les attaques des fatimides chiites. Mais le rite malékite a fini par s'imposer définitivement dans la ville avec les Almoravides. L'essor du sunnisme à Sijilmassa coïncide avec une remarquable émancipation et émulation spirituelle depuis l'époque médiévale jusqu'à l'époque alaouite.