»Sahara : l'autre version » est l'intitulé d'un livre du journaliste marocain, Mohamed Ahadad, sorti récemment et dans lequel l'auteur rassemble les propos et des souvenances de l'ancien ministre et ancien président de la Chambre des Conseillers, Mohamed Cheikh Biadillah. »Sahara : l'autre version » (205 pages-Format moyen) est une compilation des déclarations de M. Biadillah dans une interview accordée à l'auteur et parue en 2017 dans la rubrique »Chaise d'aveux » au quotidien »Al Massae » et ce, en tant que l'un des principaux fondateurs du mouvement »Etudiants Sahraouis » qui a donné naissance au fantomatique front du « polisario » avec l'appui de l'Algérie et de la Libye. Dans une présentation de son ouvrage, l'auteur ne cache pas la difficulté de l'exercice. »Il n'était pas du tout facile de convaincre l'interviewé de sortir de la réserve que lui impose sa qualité de grand commis de l'Etat et livrer un récit des événements historiques survenus dans le Sahara Marocain auxquels il avait pris part », confie-t-il, avant d'ajouter que l'édition de ce livre n'était pas chose aisée puisqu'il fallait rectifier certains propos contenus dans les »aveux spontanés » de l'interviewé, de mettre en avant certains éléments informatifs qui figuraient en second plan dans son récit ou encore d'apporter des réponses à des questions qu'il jugeait auparavant non publiables. Dans sa préface, l'écrivain et universitaire Hassan Tarik note que la force de ce livre réside dans le fait qu'il s'agit d'un entretien exceptionnel dans lequel la mémoire personnelle de M. Biadillah se croise avec l'histoire politique de la cause nationale, estimant que cet ouvrage est le résultat d'un exercice difficile, étant basé sur le traitement de confidences et souvenances livrées d'une manière spontanée. »Ce livre procure un plaisir dans le récit et se distingue par la richesse des éléments informatifs et la force des messages. C'est un livre basé sur des souvenances puisées dans la mémoire vivante et vivace de l'interviewé et non pas un ouvrage d'histoire qui présente d'une manière froide et objective des faits », écrit-il, relevant que cette interview-fleuve est »le résultat d'un effort bilatéral livré dans le cadre d'une rare complicité entre l'intervieweur et l'interviewé, avec au final le récit d'événements complexes et de faits clairs et parfois moins clairs, voire ambigus ou encore oubliés. D'où, l'importance de l'effort consenti par l'auteur qui apporte là où cela est nécessaire des éclairages et autres éléments de réponse qui s'imposent ». Le préfacier évoque, par ailleurs, la métaphore utilisée par Mohamed Cheikh Biadillah, une véritable mine d'informations, pour parler du sort de sa famille qu'il compare à une nuée de pigeons dispersée à coup de fusil. Et de conclure que M. Biadillah considère, à juste titre, que la question de l'intégrité territoriale est au bout du compte un conflit franco-algérien, tout en bouclant l'interview sur une note optimiste en citant ce proverbe irlandais »L'espoir, c'est ce qui meurt en dernier ».