Que se passe-t-il réellement dans le Donbass ? La Russie serait-elle réellement sur le point d'envahir l'Ukraine comme l'affirment les médias occidentaux alors qu'elle le nie fermement? Difficile de pencher d'un côté ou de l'autre tant les informations y afférentes sont contradictoires quand bien même le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a autorisé, le 17 novembre, la transcription, sur le site du ministère russe des Affaires étrangères, des « échanges » sur le Donbass qu'il a eu avec ses homologues allemand et français, Heiko Mass et Jean-Yves Le Drian ; ce qui constitue un véritable coup de tonnerre dans le monde fermé de la diplomatie. Ainsi, selon des extraits relayés par le quotidien russe en ligne Gazeta.ru, « la position et le rôle de la Russie dans le règlement du conflit intra-ukrainien ainsi que ses conditions concernant la possibilité d'une rencontre tripartite au mois de novembre ont été dénaturés ». Mais bien que le site russe Vzgliad ait estimé qu'il s'agit-là d'un geste « fort intéressant pour les spécialistes de la diplomatie mondiale » du moment qu'il est « rarissime » que l'on puisse ainsi avoir accès à la « cuisine » diplomatique mondiale essentiellement de la part de Moscou, la porte-parole du Kremlin, Maia Zakharova, a reproché à l'Occident son acharnement à « présenter la Russie comme partie prenante du conflit ». Pour rappel, dans les accords de Minsk, conclus en Février 2015, il est clairement stipulé que Kiev doit négocier avec les républiques autoproclamées de Donetsk et de Louhansk et non pas avec la Russie qui ne cèdera jamais sur ce point comme l'ont fait la France et l'Allemagne, sur la pression de l'Ukraine dès lors que, pour Moscou, le conflit du Donbass doit être vu comme étant une guerre civile entre ukrainiens et non comme étant une ingérence russe. Niant être, comme l'affirme les médias occidentaux, le parrain militaire des séparatistes pro-russes, Moscou a, à plusieurs reprises, démenti tout projet hostile envers l'Ukraine et le Kremlin a dénoncé, ce dimanche, ce qu'il appelle l'hystérie américaine. En effet, depuis plusieurs semaines, les spéculations afférentes à une importante mobilisation des troupes russes à la frontière avec comme objectif une offensive armée sur l'Ukraine vont bon train et les tensions sont de plus en plus fortes entre les russes, les européens et les américains à propos du rôle de la Biélorussie dans la crise migratoire en Europe orientale et en Pologne notamment. Et le plus grave c'est que ce week-end, les choses ont pris une tournure encore plus complexe lorsque plusieurs radios et télévisions occidentales ont rapporté les propos par lesquels le chef du renseignement militaire ukrainien a déclaré que la Russie serait en train de se préparer dans le but d'envahir l'Ukraine à la fin du mois de Janvier. Aussi, dans un communiqué transmis, ce lundi, aux agences de presse russes, le Service de renseignement extérieur de la Russie (SVR) a qualifié ces affirmations d'« absolument fausses » et dénoncé le « tableau terrifiant avec des hordes de chars russes s'apprêtant à écraser des villes ukrainiennes » que présentent les Etats-Unis à la communauté internationale. En outre, lors d'un entretien téléphonique qu'il a eu, ce dimanche, avec le Premier ministre italien Mario Draghi, le président russe, Vladimir Poutine, a ouvertement accusé Kiev de multiplier les « provocations » dans l'est de l'Ukraine et d' « aggraver » la situation en utilisant des « armes interdites » ; faisant allusion, par-là, à l'utilisation, par l'Ukraine, à plusieurs reprises ces derniers jours, contre les séparatistes pro-russes, d'un drone de fabrication turque. Au vu de tout cela, y'a-t-il lieu d'affirmer, sans crainte, que les négociations de paix au « format Normandie » qui réunissaient l'Ukraine, la Russie, la France et l'Allemagne sont réellement compromises ? Tout porte à le croire mais attendons pour voir... Nabil EL BOUSAADI