La France n'a «pas l'intention de fournir aujourd'hui des armes létales» à l'Ukraine, où les combats font rage dans l'est entre forces loyalistes et séparatistes pro-russes, a déclaré mercredi le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. Cette mise au point intervient alors que le débat monte en Europe sur l'opportunité de livrer des armes à Kiev et que les Etats-Unis ont reconnu envisager la possibilité de fournir des armes défensives à l'Ukraine. Des bombardements ont frappé mercredi un hôpital à Donetsk, bastion des séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine, causant la mort d'au moins quatre civils, au moment où l'UE réclamait une trêve immédiate pour que les civils puissent fuir les combats. Les victimes ont été fauchées par les tirs de mortier qui ont touché l'hôpital N°27, selon des habitants du quartier. «Nous pensons qu'il faut trouver une issue politique à cette crise», a déclaré Le Drian lors d'une conférence de presse commune avec son homologue canadien Rob Nicholson. La position de la Russie, accusée par Kiev et les Occidentaux de soutenir militairement les séparatistes ukrainiens, «n'est pas acceptable, nous le disons avec fermeté, et nous poursuivons les sanctions à cet égard», a ajouté Le Drian. «En même temps, il faut éviter par tous les moyens la poursuite d'une situation de conflit qui s'aggrave», a-t-il déclaré. Face à la détérioration de la situation dans l'est de l'Ukraine, où le conflit a fait plus de 5.300 morts en dix mois, les Etats-Unis ont reconnu lundi réfléchir à un renforcement de leur aide militaire. «Ce qui est en cours de discussion, c'est que nous devrions peut-être fournir des armes défensives, de l'équipement défensif» aux forces armées de Kiev, a expliqué un responsable du Pentagone. «Ce dont nous avons besoin, c'est d'équipements sophistiqués, ce sont des outils de communication, de brouillage électronique ou des radars. Ce sont des équipements nécessaires dans une armée moderne», a de son côté déclaré le chef de la diplomatie ukrainienne Pavlo Klimkine. Un conflit qui s'aggrave Cinq mille morts depuis le début des hostilités, deux cents au cours de la semaine dernière et pas de solution en vue : le conflit dans l'est de l'Ukraine ne s'apaise pas et même s'aggrave. Le cessez-le-feu conclu à Minsk en septembre n'a jamais été respecté. De nouveaux pourparlers viennent d'échouer. Soutenus par Moscou, les séparatistes prorusses se sont emparé de l'aéroport de Donetsk, chassant l'armée ukrainienne régulière, et attaquent Marioupol. La prise de ce port sur la mer Noire pourrait leur permettre de créer un corridor jusqu'à la Crimée, annexée par la Russie en mars 2014. Les Occidentaux sont perplexes : que veut Vladimir Poutine, dont les actes démentent constamment les paroles ? Quand François Hollande a fait escale à Moscou en rentrant du Kazakhstan, le président russe lui a dit qu'il ne voulait pas annexer le Donbass. François Hollande l'a cru. A l'occasion, Poutine affirme même qu'il veut respecter l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Il nie avoir envoyé ses soldats soutenir les séparatistes et, en Russie, fait taire ceux qui dénoncent le retour des cercueils. La diplomatie française maintient contre vents et marées «le format Normandie», du nom de la rencontre entre François Hollande, Vladimir Poutine, Angela Merkel et Petro Porochenko, en juin dernier, à l'occasion de l'anniversaire du Débarquement. Les ministres des Affaires étrangères des Quatre se sont récemment réunis à Berlin, où ils sont tombés d'accord sur un arrêt des combats, le retrait des armes lourdes à 15 km de la ligne de front...