A Minsk, samedi 31 janvier, les espoirs d'une paix rapide concernant le conflit ukrainien ont été douchés. L'émissaire du gouvernement ukrainien, l'ancien président Leonid Koutchma, a quitté la capitale biélorusse en déclarant à l'agence Interfax que les représentants des rebelles avaient saboté la réunion en présentant des ultimatums et en refusant de discuter d'un "plan de mesures pour un cessez-le-feu rapide et un retrait des armes lourdes". Interrogé par l'agence RIA, Denis Pouchiline, l'un des délégués séparatistes, a renvoyé la balle presque mot pour mot, déclarant qu'il était prêt au dialogue mais "pas prêt à recevoir de Kiev des ultimatums". Des représentants de l'Ukraine, de la Russie, des rebelles prorusses et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) s'étaient retrouvés à la mi-journée à Minsk alors que les combats continuent de faire rage dans le Donbass, l'Est minier et industriel de l'Ukraine où les séparatistes se sont soulevés en avril dernier. Vladimir Poutine, François Hollande et Angela Merkel se sont entretenus par téléphone a indiqué la présidence russe. Les trois dirigeants ont exprimé leur "espoir que les questions d'instauration d'un cessez-le-feu et du retrait des armes lourdes seront au centre" des discussions de Minsk. Un souhait qui n'a pas été réalisé. Les séparatistes encerclent d es milliers de soldats ukrainiens D'intenses combats se déroulent à Debaltseve, une ville stratégique car elle est située sur la route qui relie Donetsk et Louhansk, fief des rebelles. Plusieurs sources indiquent que les séparatistes pro-russes gagnent du terrain, infligeant de lourdes pertes à l'armée ukrainienne. Kiev a reconnu la mort de 15 soldats en 24 heures. Des milliers de militaires ukrainiens seraient en train d‘être encerclés dans cette ville. D'intenses combats se déroulent aussi à quelques kilomètres de là, à Vougleguirsk. La zone est privée d'eau et d‘électricité. On ignore le nombre de victimes civiles. Samedi 24 janvier dernier, 30 civils ont été tués par les bombardements au lance-roquettes multiples Grad à Marioupol, la grande ville du bord de la mer d'Azov. Une attaque attribuée par l'OSCE aux séparatistes pro-russes. Une semaine après, une cérémonie a été organisée dans le quartier d'habitations où s'est produite l'attaque, au cours de laquelle une minute de silence en mémoire des 30 victimes a été observée. Devant quelques centaines de personnes, le maire de Marioupol, Iouri Kotloubei tente de tenir un discours rassurant. « Toute l'Ukraine s'est levée pour nous soutenir dans ces temps difficiles, affirme-t-il. Je voudrais vous dire que dans cette situation nous allons nous efforcer de réparer les habitations, les écoles, les jardins d'enfants, le plus rapidement possible, de façon à ce que vous puissiez vivre une vie normale». Des carcasses de voitures calcinées, des cratères dans la chaussée, dans lesquels ont été déposés des oeillets rouges, des immeubles aux façades percées par les obus : tels sont les stigmates les plus visibles de l'attaque du quartier Vostotchny.