L'Alliance interparlementaire sur la Chine (IPAC) créée le 4 Juin 2020 – jour anniversaire de la répression de la Place Tien An Man – par quelques 200 députés et sénateurs de tous bords issus de 21 pays à l'effet de faire prendre conscience à la communauté internationale de la « menace chinoise », a tenu sa première grande réunion , ce vendredi 29 Octobre, à Rome, en marge du sommet du G20. Au menu de cette rencontre figuraient, bien entendu, tous les sujets à même de déclencher les foudres de Pékin et ayant trait notamment à l'occupation du Tibet, à la répression des Ouïghours ou encore aux libertés bafouées à Hong Kong et aux menaces contre la démocratie taïwanaise. C'est l'ancien leader étudiant Nathan Law qui a fait le déplacement jusqu'à Rome pour présenter à l'assistance un exposé sur les atteintes aux libertés à Hong Kong alors que l'occupation du Tibet a été évoquée par Penpa Tsering, le représentant de l'administration centrale tibétaine en exil, que la militante et musicienne Rahima Mahmut a abordé la question de la persécution des musulmans ouïghours et que Joseph Wu, le ministre taïwanais des Affaires étrangères, a présenté, à l'assistance, un rapport en visioconférence sur les menaces chinoises contre la démocratie à Taïwan. Dans son intervention afférente à l'occupation du Tibet, le président du gouvernement tibétain en exil a fermement condamné le régime de Pékin et rappelé, à ce dernier, qu' «au 21ème siècle, les gens ont le droit de penser, d'agir et de s'exprimer » et qu' « il n'y a pas de place pour l'autoritarisme ». Le dirigeant tibétain a, par ailleurs, déclaré que le « monde libre » et notamment les pays du G20 doivent se ranger du côté des peuples opprimés pour que les valeurs de paix et d'égalité soient universellement appréciées car « il ne suffit pas d'avoir la liberté uniquement dans son propre pays puisque le monde entier est une communauté interdépendante d'êtres humains ». Il poursuivra en invitant les participants à s'assurer que les « valeurs » qu'ils chérissent dans leurs pays « soient accessibles à ceux qui sont dirigés par des gouvernements autoritaires comme le gouvernement chinois » et en déclarant que « bien qu'elle soit politiquement, militairement et économiquement forte, la Chine n'a aucun réel pouvoir moral ». Intervenant, en visioconférence depuis Bruxelles où il était en déplacement, le ministre taïwanais des Affaires étrangères, Joseph Wu, s'est réjoui du fait que la communauté internationale est devenue de plus en plus attentive aux défis posés par la montée de l'autoritarisme « chinois » et a remercié l'IPAC qui, par son action, a contribué à cette prise de conscience principalement en ce moment où Pékin a multiplié les manœuvres aériennes et maritimes dans le détroit de Taïwan. Rappelant que « la Chine est en train de détruire la démocratie», le dirigeant taïwanais a tenu à préciser que bien que son pays soit en première ligne, il n'est pas « le seul à être visé » car d'autres démocraties comme la Lituanie et la République tchèque sont menacées de représailles par la Chine qui n'hésite pas à recourir à des campagnes de désinformation. Après avoir rappelé que l'exemple de Hong Kong indique clairement « qu'il ne faudrait pas tenir la démocratie pour acquise », le chef de la diplomatie taïwanaise a tenu à remercier les Etats-Unis, le Japon, la Slovaquie, la République tchèque, la Lituanie et la Pologne pour avoir bien voulu prêter main forte à Taïwan en lui envoyant des doses de vaccin anti-Covid 19 et, en réponse, les membres de l'IPAC ont renouvelé leur soutien à Taïwan en appelant, notamment, à sa participation à l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). L'autre sujet épineux évoqué pendant cette réunion à eu trait à la répression systématique par Pékin de la minorité ouïgoure au Xinjiang chinois, cible depuis 2017 d'une politique d'internement forcé à grande échelle au nom de la lutte antiterroriste ; ce qui avait poussé l'IPAC à lancer, depuis le 30 juin dernier, des actions de sensibilisation auprès des gouvernements de tous les pays représentés en son sein. Cette campagne s'était fondée sur le dernier rapport du chercheur allemand Adrian Zenz qui avait révélé la mise en œuvre au Xinjiang d'une politique de contrôle des naissances extrêmement coercitive envers les 11,5 millions d'ouïgours alors même que la Chine avait assoupli, dès 2015, le contrôle des naissances pour Han, l'ethnie majoritaire en Chine. Comptant plus de 200 députés et sénateurs représentant 21 pays, l'IPAC parviendra-t-elle à pousser la Chine à modifier sa politique à l'égard du Tibet, de la minorité ouïgoure, de Hong Kong et de Taïwan ? Rien n'est moins sûr au vu de l'obstination maintes fois réitérée par l'empire du milieu mais attendons pour voir... Nabil EL BOUSAADI