Selon l'étude d'un centre de réflexion américain, au moins 570 000 membres de l'ethnie musulmane des Ouïghours sont enrôlés dans des champs de coton au Xinjiang, dans le nord-est de la Chine. Une étude menée par l'anthropologue allemand Adrian Zenz, publiée mardi 15 décembre, dénonce un vaste programme de « travail forcé » de près de 570 000 Ouïghours au Xinjiang dans les plantations de coton. Les autorités ont engagé dans cette région du nord-est de la Chine une politique de surveillance maximale après de nombreux attentats meurtriers, commis contre des civils et attribués à des séparatistes et islamistes ouïghours. Des organisations de défense des droits de l'Homme accusent Pékin d'avoir interné au Xinjiang au moins un million de musulmans dans des « camps de rééducation ». Pékin parle de « centres de formation professionnelle » destinés à éloigner la population de l'extrémisme religieux. En 2018, trois zones du Xinjiang ont enrôlé au moins 570 000 personnes pour la cueillette du coton dans le cadre d'un programme obligatoire géré par l'État, affirme le Center for Global Policy (CGP). Ce centre de réflexion américain dit se baser sur des documents des autorités chinoises, publiés sur Internet. D'après lui, le nombre réel pourrait même être bien plus élevé. Surveillance policière et cours d'idéologie Le Xinjiang représente environ 20 % de la production mondiale de coton. Selon la Chine, l'ensemble des « étudiants » ayant fréquenté les « centres de formation » ont « terminé leurs études ». Des rapports accusent toutefois Pékin d'en obliger certains à accepter des emplois, souvent manuels. Le CGP affirme que les participants à ce programme étatique font l'objet d'une étroite surveillance policière et doivent suivre des cours d'idéologie. « Certains membres de minorités ethniques peuvent manifester un certain degré de consentement (...) et en tirer un avantage financier », note le chercheur allemand Adrian Zenz, auteur du rapport. « Cependant (...), il est impossible de définir où s'arrête la coercition et où peut commencer le consentement. » Pékin dénonce des « mensonges » Le rapport affirme que les autorités sont vivement encouragées par l'État à appliquer le programme, afin d'augmenter les revenus en milieu rural et ainsi remplir leurs objectifs en matière de réduction de la pauvreté. Interrogé mardi lors d'un point-presse régulier, Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a assuré que les travailleurs étaient libres de signer leurs contrats de travail « selon leur propre volonté ». Il a accusé Adrian Zenz, auteur de plusieurs rapports sur les Ouïghours, de « fabriquer des mensonges » et d'être « l'épine dorsale d'instituts de recherche anti-Chine, créés et pilotés par le renseignement américain ». Début décembre, les États-Unis ont interdit certaines importations de coton provenant du Xinjiang, issues selon eux du « travail forcé ».