Selon un rapport pour la fondation américaine Victims of Communism, « la cueillette du coton au Xinjiang emploie ainsi au moins 500 000 travailleurs forcés ». Ils seraient « au moins un demi-million d'habitants du Xinjiang issus des minorités ethniques (...) envoyés dans les champs de coton pour y travailler de force ». Selon un rapport réalisé par le chercheur allemand Adrian Zenz pour la fondation américaine « Victims of Communism », révélée mardi 15 décembre par la chaîne britannique BBC, le quotidien français Libération et le journal allemand Süddeutsche Zeitung, Pékin organise le travail forcé de centaines de milliers de Ouïgours – ethnie turcophone musulmane majoritaire au Xinjiang – pour la récolte du coton dans la région du nord-ouest du pays, afin d'atteindre ses objectifs d'expansion industrielle. « La hausse des salaires en Chine, le prix du transport des travailleurs saisonniers, conjugués à une diminution des aides publiques au secteur depuis 2013, avaient rendu le coton chinois cueilli à la main plus cher que le coton mécanisé américain », explique ce rapport. Par conséquent, la Chine veut accélérer la mécanisation, « notamment en subventionnant l'achat de machine. Mais la mécanisation ne dépasse pas 20 % dans le sud de la région. De plus, les surfaces agricoles ¬dédiées au coton ne cessent d'augmenter. Ce qui fait que, en 2019, 70 % du coton produit au Xinjiang était encore cueilli à la main », relève le rapport. Pour ce faire Pékin, qui recourait massivement jusqu'à ces dernières années aux travailleurs migrants venus d'autres provinces, « fournit désormais aux planteurs une main-d'œuvre locale "dispo¬nible", "docile", "obéissante", "travaillant dur", "avec un encadrement de style militaire" ». Tout en tenant compte des travailleurs migrants « venus de leur plein gré s'assurer un revenu sur quelques ¬semaines, l'auteur Adrian Zenz, affirme que la cueillette du coton au Xinjiang emploie ainsi au moins 500 000 travailleurs forcés », relate Libération. Importations bloquées aux Etats-Unis Ainsi, « en France ou dans le reste du monde, chaque personne qui porte un vêtement ou un accessoire qui comprend, à un moment ou à un ¬autre de la chaîne de production, une fibre de coton produite en Chine, doit envisager la forte probabilité d'être bénéficiaire du travail forcé de Ouïgours », conclut le rapport. Au début de décembre, les Etats-Unis ont annoncé une nouvelle mesure contre les importations de coton originaires de la région chinoise du Xinjiang et issues, selon eux, du « travail forcé » de la minorité musulmane ouïgoure. Les douanes américaines peuvent dorénavant saisir les cargaisons contenant du coton provenant de la Xinjiang Production and Construction Corps (XPCC), a précisé le ministère de la sécurité intérieure. La XPCC, importante entité économique et semi-militaire du Xinjiang, est visée depuis la fin du mois d'août par des sanctions du Trésor américain. Il s'agit de la sixième action entreprise par les douanes américaines depuis trois mois pour bloquer des marchandises provenant du « travail forcé » au Xinjiang, selon le communiqué. Les Etats-Unis avaient déjà pris à la mi-septembre cinq décrets et bloqué l'importation d'une série de biens originaires du Xinjiang, dont du coton et du textile, des produits capillaires, des pièces informatiques, en accusant Pékin d'avoir créé un système de travail forcé à destination des Ouïgours.