Dépositaires d'un mode de vie et de traditions qui leur sont propres, les Ouïgours, qui vivent dans le Xinjiang, la plus grande région autonome située à l'ouest de la Chine sur l'ancienne route dite de la soie et dont la capitale est Urumqi, pratiquent un islam sunnite de rite hanafite influencé par le soufisme. Musulmans sunnites et turcophones, les onze millions de Ouïgours qui représentent 45% de la population du Xinjiang et 0,8% de la population chinoise dénoncent la répression féroce qu'ils subissent de la part du gouvernement central ; une répression qui ne serait pas, malheureusement, dénuée de tout fondement. Aussi, convient-il de rappeler qu'en Avril 1990, des Ouïgours vétérans du jihad afghan contre les Soviétiques et qui s'étaient regroupés l'année précédente au sein du Parti Islamique du Turkestan Oriental (PITO), avaient lancé une lutte armée de grande envergure contre les symboles de l'Etat chinois quatre jours avant le début des Jeux Olympiques de Pékin. Craignant donc que des revendications ethno-nationalistes ne voient le jour du fait de cet islamisme radical qui serait susceptible de générer ces trois grands maux que sont le fondamentalisme, le séparatisme et le terrorisme et que les séparatistes ne tentent de redonner vie à l'éphémère République du Turkestan Oriental qui était née sous l'impulsion des soviétiques mais qui avait disparu à la création de la République Populaire de Chine en 1949, le régime de Pékin ne pouvait que s'y opposer de toutes ses forces. Et si la population locale accomplit, parfois, des coups de forces et des actes de violence – souvent d'inspiration jihadiste – contre les symboles de l'Etat chinois et les migrants han notamment dans les zones situées au sud du Takla-Makan, ceci génère, immanquablement, une riposte – trop souvent disproportionnée – des forces spéciales du régime. La réponse des forces centrales ne se fait donc pas attendre et les restrictions sont légions. Ainsi, le port du voile par les femmes et de la barbe par les hommes est interdit, tout comme l'accès aux mosquées ou encore l'enseignement du Coran. Le pèlerinage à la Mecque fait lui-même l'objet de toutes sortes d'interdictions considérées par les Ouïgours comme étant intrusives et humiliantes. Le gouvernement central ayant mis hors la loi d'inoffensives pratiques religieuses traditionnelles et ayant, de ce fait, considérablement limité le champ d'application d'activités licites, des milliers de Ouïgours ont été tentés ces dernières années par l'exil clandestin. Et si certains sont partis vivre en Turquie ou même en Syrie, un grand nombre est parti rejoindre certaines organisations jihadistes opérant dans la zone irako-syrienne alors que certains ont gonflé les rangs de l'Organisation de l'Etat Islamiques. Enfin, un grand contingent d'Ouïgours aurait adhéré aux dogmes des groupes liés à Al Qaïda puisqu'en Juillet 2016, une vidéo avait montré Ayman Al Zawahiri faisant l'éloge des combattants Ouïgours et qu'en Septembre de la même année c'est de l'entraînement d'enfants Ouïgours dans un camp militaire d'Al Qaïda qu'il était question dans un autre enregistrement vidéo.