Mercredi, des parlementaires américains ont accusé la Chine de commettre des "crimes contre l'humanité" en réprimant la minorité musulmane ouïghoure au Xinjiang, appelant l'administration de Donald Trump à imposer des sanctions à Pékin. Les autorités chinoises ont engagé au nord-ouest du pays une politique de sécurité maximale en réponse à des attentats meurtriers à l'explosif et à l'arme blanche, commis contre des civils et attribués à des séparatistes ouïghours. Plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme accusent la Chine d'avoir interné au Xinjiang au moins un million de musulmans dans des "camps de rééducation". Pékin dément ce chiffre et parle de "centres de formation professionnelle", destinés à aider la population à trouver un emploi et à l'éloigner de la tentation de l'extrémisme religieux. "La commission estime que les autorités chinoises pourraient être en train de commettre des crimes contre l'humanité contre les Ouïghours et d'autres musulmans de langue turcique", affirment des élus américains dans leur rapport publié mercredi. "Nous parlons de crimes contre l'humanité à très grande échelle", a renchéri Chris Smith, un membre de cette instance, lors d'une conférence de presse. "Nous parlons, au sujet de ce que subissent les Ouïghours, de quelque chose de jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale", a-t-il ajouté, estimant que le président chinois Xi Jinping devait être "tenu responsable de ce comportement odieux". Le ministère chinois des Affaires étrangères a rejeté jeudi les conclusions de ce rapport et accusé la commission "de critiques arbitraires contre la Chine". "Cette soi-disant commission est pleine de préjugés", a déclaré lors d'un point presse régulier Geng Shuang, porte-parole de la diplomatie chinoise. "Elle n'a pas la moindre crédibilité." "Nous l'exhortons à faire son propre examen de conscience vis-à-vis des problèmes de droits de l'Homme aux Etats-Unis, ainsi qu'à arrêter de déformer les faits et de traîner la Chine dans la boue." Le coprésident de la commission, Marco Rubio, un sénateur républicain proche de Donald Trump, a assuré que le Congrès adopterait bientôt un texte pour que soient sanctionnés des responsables chinois et pour restreindre les exportations vers la Chine de matériel de surveillance qui pourrait servir au Xinjiang. La Chambre des représentants a déjà approuvé en décembre un projet de loi appelant à imposer des sanctions à la Chine, provoquant la "vive indignation" de Pékin. Le Sénat a également adopté une initiative en ce sens et les deux chambres du Congrès doivent maintenant s'entendre sur un texte commun. Les parlementaires ont insisté mercredi pour que l'administration Trump mette en oeuvre cette future loi sur les droits des Ouïghours, en adoptant des sanctions, tout comme un autre texte appelant à la sauvegarde du statut de semi-autonomie de Hong Kong. Certains d'entre eux ont toutefois semblé craindre que le gouvernement américain donne la priorité à ses négociations commerciales avec Pékin.