Le football marocain est très bien représenté au Parlement. Pas moins de 10 présidents ou ex-présidents de clubs, ainsi que des dirigeants au sein des instances dirigeantes nationales dont la Fédération et certaines Ligues ont désormais des sièges au sein de la Chambre des Représentants au terme des élections du 8 septembre 2021 qu'a connues le Maroc récemment. Dans notre pays, l'honneur ou le mérite d'être dirigeant d'une équipe de football permet d'avoir bien des avantages et aller jusqu'à gagner sa place à la Chambre des Représentants. Il suffit également de s'y présenter sous les couleurs des Partis chanceux et administratifs... qui dominent encore et toujours. La preuve vient de ces 10 heureux membres qui sont là avec ce nombre plus élevé pour la première fois dans l'histoire tant de la Chambre des Représentants que celle des Conseillers. Les plus célèbres sont de Casablanca avec Said Naciri, président du Wydad qui est reconduit pour un 3ème mandat, Mohamed Boudrika, ancien président du Raja, et Hicham Aït Menna, président du Chabab Mohammédia qui y siègent pour la 1ère fois. Les autres présidents de clubs sont Noureddine El Baidi du Youssoufia de Berrechid et membre du Comité directeur de la Fédération, Mohammed Houar du Mouloudia Oujda, Hakim Benabdallah de la Renaissance Berkane, Ismail Zitouni de l'Olympique Dcheïra, Hassan Filali de l'Ittihad Zemmouri de Khémisset ainsi que Adil Dfouf ancien patron de l'Ittihad de Tanger. Cela en plus de Mohamed Joudar, président de la ligue du Grand Casablanca de football et vice-président de la Fédération qui vient également de conserver sa place dans cet hémicycle. C'est donc pour la première fois qu'on a une dizaine de membres parlementaires appartenant à des partis politiques qui vont constituer la majorité gouvernementale au vu de leur plus grand nombre de sièges : le top 3 mené par le Rassemblement national des indépendants (RNI), l'Authenticité et modernité (PAM) et l'Istiqlal (PI) en plus de l'Union constitutionnelle (UC). Ce sont là les 4 partis ayant eu la chance d'être représentés par des dirigeants de foot dont bien sûr le RNI en premier lieu avec la majorité de sièges. Cette présence effective et distinguée devrait donc constituer l'objectif primordial d'un acquis des plus importants pour le football et les footballeurs au sein de notre institution parlementaire afin d'enrichir le débat autour des moyens du développement de la chose sportive à l'échelon national avec son élan progressif et dans ses dimensions politique, économique et social. Mais nos 10 fameux membres qui ont brillé par leurs promesses de faire de leur mieux quand ils étaient en pleine campagne électorale, ne peuvent en tout et pour tout, que former une équipe de foot où il ne leur manquera que le gardien de but. Cela pour pouvoir jouer un match voire des matches dans l'espoir de s'imposer, rendre service au football national et redonner le niveau qu'il mérite avec une Botola plus constitutionnelle et plus forte, ainsi que des clubs plus organisés et plus compétitifs... Seulement, les 10 responsables parlementaires concernés ne peuvent rien faire, tout d'abord parce qu'ils appartiennent à des partis politiques qui sont très limités en la matière et n'ont guère d'alternance ou de programme visant la réforme du secteur sportif. Autrement dit, ces partis qui restent administratifs et créés par l'Etat (Al Makhzen), chacun dans des circonstances politiques qu'a traversées le Maroc depuis les dernières décennies du siècle écoulé, n'ont absolument pas ce qu'on appelle une politique nationale du sport en général et du football en particulier dans leurs programmes politiques et encore moins dans leurs agendas électoraux. Ce qui reste sûr et certain c'est que les 10 nouveaux pensionnaires du Parlement ont, à l'instar de leurs partis politiques, utilisé l'argent sale pour avoir la confiance des votants et acheter leurs voix tout en profitant du poids et de la popularité de leurs clubs pour sortir vainqueurs en fin de compte. Et cela pour ne servir que leurs propres intérêts au détriment de l'intérêt général comme c'était le cas durant toutes les précédentes expériences ayant connu des dirigeants mêlant sport et politique au sein du Parlement. Sachant bien que rares sont les dirigeants sportifs parlementaires ayant assuré leur présence continue aux réunions et séances publiques alors que d'autres ne jugeaient même pas utile de prendre la parole pour discuter et enrichir les débats autour du sport. Voilà qui prouve, encore une fois, que lesdits dirigeants footballistiques de ce nouveau mandat vont se trouver en position d'hors-jeu et ainsi ne pourront guère marquer des buts dans les filets parlementaires afin de faire la différence et d'apporter le plus que cherchent leurs clubs et avec eux toutes les autres composantes du football national. Il suffit de donner à titre d'exemple les dirigeants des deux grands clubs casablancais, le Wydad et le Raja, qui ont tellement souffert avec leurs patrons qui restent incompétents s'ils ne sont pas ignorants. Même si les résultats cachent un petit peu les dérapages si on ne veut pas dire les scandales que le WAC ne cesse de supporter à cause de son président, Saïd Naciri, qui est également président de la Ligue nationale du football professionnel mais qui n'a que le nom de professionnalisme dans sa gouvernance. Même chose pour le Raja qui est en train de soigner ses blessures et de colmater les brèches laissées par son président, Mohamed Boudrika, premier responsable des dettes estimées à des milliards et des milliards du temps de sa gouvernance et qui veut aujourd'hui revenir par la fenêtre après s'être jeté par la grande porte. Ce qui est dit pour ces deux présidents, l'actuel et l'ancien, l'est aussi pour les autres dirigeants de clubs qui ne savent qu'applaudir les décisions de la fédération et sa ligue. Qu'en sera-t-il donc au Parlement... ? Quoi qu'il soit, on garde espoir pour rectifier les choses. On espère que les leçons soient prises lors de cette nouvelle expérience parlementaire et afin qu'elle constitue vraiment l'exception pour le bien du football national...