C'est bizarre que des mots nobles peuvent, parfois, prendre une signification péjorative. Ainsi du mot « politique ». Beaucoup l'emploient pour dénigrer ceux qui s'y adonnent. Or, il y a des nuances à connaître et à reconnaître. La politique quand elle est aux mains de professionnels, probes et tournés vers l'intérêt général est salutaire pour l'Etat et la Nation. Au contraire, quand elle défend des intérêts particuliers, voire partisans, quand elle n'est plus au service de la communauté mais de lobbyistes spécialisés dans le faux et l'usage de faux, elle devient à ce moment dangereuse et ces personnes perdent le beau vocable de politiciens pour ne plus être que des politicards. Politiciens, politicards, la nuance est de taille. Il ne faut donc pas confondre comme on confondrait la vitesse et la précipitation, les torchons et les serviettes, le tintamarre et la musique classique, ou les discours et le bavardage. Chaque chose à sa place et chacun a sa conscience pour soi. Ceci dit et bien compris, on voudrait alors passer à un deuxième stade de réflexion dans ce commentaire. On a beaucoup, dans le monde du sport, et du foot en particulier, voulu associer la politique à toutes les activités de ce domaine, ô combien, prioritaire dans la vie et le développement de la société. Le sport ne se développera jamais sans les politiciens, des hommes de pouvoir, quelque soit celui-ci : gouvernement, partis politiques, autorités locales, société civile, fédérations ou associations dûment reconnues, et véritablement actives. Une question pour comprendre très vite : à qui appartient un club de football ? Oui à qui appartient le WAC, le MAS, le Raja, le MAT etc...etc ... ?? A Naciri, à Merouane Bennani à Boudrika, à Abroun, diront certains. Et ceux-ci se tromperaient lourdement. Un club sportif est une entité qui appartient à toute une ville, à toute une région, voire à tout un pays dans le cas spécial de l'ASFAR. Il n'appartient pas à un comité et encore moins à son président. Il appartient à tous ceux qui l'aiment, le suivent et ont calqué leurs admirations ou leurs déceptions sur ses triomphes ou sur ses échecs. Que Marouane Bennani homme charmant au demeurant, et qui a connu de belles heures de gloire à la tête du MAS parle, aujourd'hui, en conférence de presse officielle de ses menaces de vendre des joueurs du club pour se rembourser de ses dépenses, prouve bien que nos dirigeants de clubs n'ont rien compris au film dont ils sont pourtant les acteurs principaux. Les joueurs ne sont ni une propriété, ni un bien particulier qu'on peut faire transiter à sa guise. On n'est pas chez « Boko haram » cette secte criminelle qui marchande la vie de ses malheureux otages. En foot, il n'y a ni esclavagistes, ni otages – il n'y a que des hommes libres qui ont chacun des droits et des devoirs. Qu'un président, en colère, ou au but du rouleau, ou par naïveté, ou encore mal conseillé, en arrive à de telles outrances est pathétique et pitoyable. Mais c'est salutaire... Sans le vouloir, Marouane Bennani a donné un grand coup de pied dans la fourmilière. Il a montré à tous que le foot a besoin d'être revu au niveau de ses instances dirigeantes. Comment peut-on continuer d'admettre que quelqu'un vienne dépenser son argent, de son plein gré, pour quand cela ne lui chante plus, demander son solde de tout compte, sans préavis. On sort et on entre dans un club, même prestigieux, comme on entrerait dans un terrain vague. Sauf que le club n'est pas un terrain-vague. C'est une institution qui mérite respect et considération et pour laquelle se mobilisent autorités, élus et citoyens de tous bords pour mener le bateau à bon port. Si celui-ci échoue, c'est l'échec de tous. Et il faut recommencer car la vie est faite de hauts et de bas. Quant à ceux, présidents ou autres, qui croient être le centre de l'univers, et que sans eux rien ne se fera, ce sont des doux rêveurs. Ils sont comme ces bulles de savons, gracieuses et légères qui scintillent au soleil, qui amusent les enfants mais qui éclatent pour un rien et disparaissent à jamais. Cela faisait longtemps que Marwane Bennani ne s'était pas exprimé. Là, il a remporté le gros lot en une seule sortie médiatique. Merci, si Bennani de nous avoir rappelé qu'il est grand temps de changer tout ce souk mal géré et malfaisant.