L'opposition zambienne formée par une alliance de dix formations politiques regroupées autour du Parti Unifié pour le Développement National, (UPND), a appelé, ce dimanche, le président sortant Edgar Lungu, à « agir en homme d'Etat (...) pour que le processus de passation de pouvoir et de réconciliation [en Zambie] puisse commencer » après que Hakainde Hichilema, « HH » pour les intimes, 59 ans, ait accédé à la magistrature suprême du pays en le devançant de près d'un million de voix. Homme d'affaire parti de rien hormis d'une grande persévérance, Hakainde Hichilema, s'est présenté, pour la sixième fois, à l'élection présidentielle. Mais s'il a toujours fait figure d'éternel second après avoir fait face, pour la troisième fois, depuis 2015, au Président Edgar Lungu dont il était devenu le principal opposant, et qu'en 2016, il avait perdu avec une marge tellement faible – à peine plus de 100.000 voix – à telle enseigne qu'il avait crié haut et fort que la victoire lui avait été volée, son triomphe a été sans appel cette fois-ci. Arrêté une quinzaine de fois depuis qu'il a commencé « à faire de la politique », « HH » qui est considéré, par ses détracteurs, comme étant un opportuniste ayant été catapulté à la tête du Parti Unifié pour le Développement National (UPND) à la mort de son ancien dirigeant, en 2006, avait écopé de quatre mois d'emprisonnement pour « trahison » après avoir refusé de céder le passage à un convoi présidentiel juste après l'élection de 2016. Mais s'il est clair que, depuis le début de la campagne présidentielle, la course était serrée entre le chef d'Etat sortant et son « éternel » opposant, c'est non seulement la situation économique du pays avec l'augmentation du prix des produits de première nécessité du fait d'une inflation de plus de 20% mais aussi la situation sanitaire de la Zambie depuis le début de la pandémie du nouveau coronavirus et, enfin, le profond mécontentement d'une population qui a reproché au président les nombreux emprunts qu'il a effectué auprès de créanciers chinois au titre du financement de certaines infrastructures qui ont desservi Edgar Lungu. Dénonçant « le régime brutal » de son prédécesseur, Hakainde Hichilema qui a promis d'être le président de tous les zambiens – même ceux qui n'ont pas voté pour lui – a tenu à préciser, après une campagne électorale qui s'est déroulée dans un climat d'extrême tension, que « c'est un moment historique que des millions de zambiens attendaient » puisqu'ils ont « voté pour le changement, pour une Zambie meilleure, libérée de la violence et de la discrimination ». Reprochant à son prédécesseur une présidence empreinte de violation des droits de l'homme, de chômage massif, de corruption et, surtout, d'avoir endetté le pays d'une manière déraisonnable notamment auprès de créanciers chinois dans le but de lancer de grands travaux d'infrastructure « tape-à-l'œil » alors que l'inflation dépassait 25%, le nouveau président a promis de redresser l'économie et de veiller au respect des droits de l'Homme et des libertés et à la mise en œuvre d'une « meilleure démocratie ». Un très beau programme en perspective mais le nouveau président zambien, Hakainde Hichilema, disposera-t-il des moyens nécessaires à sa mise en oeuvre et parviendra-t-il à relever ce défi de taille qu'est le redressement de la situation économique du pays ? Attendons pour voir... Nabil EL BOUSAADI