Il est à peine 10 heures du matin et les visiteurs se font nombreux au musée archéologique de Cordoue. Les Cordouans affluent massivement pour découvrir cette exposition dont tout le monde parle. La collection en question est exposée dans une galerie chichement éclairée, pour mieux apprécier la beauté des pièces exhumées de l'oubli. Il s'agit d'une collection exceptionnelle de bijoux datant de l'époque d'Al Andalous, retrouvée sur internet! Ce trésor califal, appelé Amarguilla, du nom de la ferme où la collection a été enfouie, a failli ne jamais retrouver le chemin du Musée. Sa découverte est un heureux concours de circonstances. Ce qui lui confère aussi cet intrigant halo. C'est grâce à la vigilance d'un archéologue originaire de Cordoue que ces joyaux, chargés d'histoire, ont pu être exposés à la galerie du Musée Archéologique de Cordoue. L'expert a alerté la police quand il a découvert les ornements exposés à la vente, au plus offrant, sur la toile. Une minutieuse enquête de la police a conduit les agents au receleur de cet inestimable trésor. La découverte d'intérêt patrimonial majeur subjugue aussi bien les amateurs que les experts. Car la collection revêt, non seulement une grande valeur patrimoniale, mais aussi esthétique. Maria Jesus Moreno et José Escudero, les deux commissaires de cette collection s'émerveillent encore devant cette découverte exceptionnelle. "C'est un trésor complet. On y trouve une série de pièces qui font leur apparition pour la première fois, comme par exemple cette paire de bracelet de chevet. Un fait rare dans ce genre trouvaille. De plus, les bijoux de cette collection sont des pièces raffinées et dénotent de belles qualités artisanales comme en témoigne les fins fils d'or qui y sont apposés, précurseurs de ce qui sera le travail d'orfèvrerie qui fait la réputation de Cordoue de nos jours", explique dans une déclaration à la MAP, Maria Jesus Moreno, la commissaire de l'exposition. L'ensemble des ornements a subi une restauration pour le débarrasser des impuretés et lui redonner son lustre. Au total, 623 pièces en or, en argent et en argent doré, des perles de différentes couleurs, des bracelets tressés et des ornements annulaires ont été révélés au grand jour. Une collection de parures qui reflète la splendeur de l'art durant cette époque. Cependant, c'est l'étoile de David à six branches, la pièce maîtresse de cette collection, qui fascine les experts. Selon les archéologues, elle appartenait à une personnalité de confession juive de haut rang. L'expertise des pièces situe cette découverte à l'époque des hautes tensions politique et sociale. "L'absence de pièce de monnaie ne permet pas de dater avec précision le trésor. Mais l'on estime qu'il remonte à l'époque de la fitna, vers la fin du règne des Omeyyades", indique Maria Jesus Montero. "D'habitude, ce genre de trésor est caché dans un pot en argile, qui sera enterré par la suite ou dissimulé entre les murs de la demeure. L'idée de départ est que le propriétaire revient récupérer son bien. Dans cette collection, ces rares pièces de bijoux ont été ensevelies dans une étoffe. D'ailleurs, nous avons trouvé des traces de tissu sur certaines pièces", poursuit la commissaire de la collection. Cette merveille historique serait restée ensevelie pendant plus de huit siècles. Les commissaires de la collection considèrent que, jusqu'à preuve du contraire, il s'agit de l'un des 17 plus importants trésors déjà découverts à travers le monde. C'est aussi la découverte la plus généreuse en termes de pièces. "Nous estimons qu'il s'agit des trésors andalous les plus complets de la période antérieure au XIIIème siècle jamais découvert", confirme José Escudero, commissaire de l'exposition. L'un des trésors les plus riches d'orfèvrerie datant de l'époque musulmane embellit désormais la galerie cortobi. Un héritage raffiné qui renseigne sur la splendeur de cette époque qui n'a pas encore livré tous ses secrets. L'exposition de cette prestigieuse collection se poursuit jusqu'au juin prochain.