Mohamed Achaâri, ministre de la Culture, a inauguré, hier dans la matinée, le Musée national des bijoux. Le nouveau musée, qui se tient en lieu et place de l'ancien musée des Oudayas à Rabat a bénéficié d'une réhabilitation remarquable conduite, de concert, par le ministère de la Culture et le gouvernement régional andalou. Oracle Content & Collaboration Comme l'a indiqué le ministre, répondant désormais aux canons muséologiques modernes, le musée se veut l'écrin des joyaux patrimoniaux du Royaume. Les salles d'exposition organisées autour du patio central donnent à voir les merveilles de l'orfèvrerie marocaine. Les pièces uniques exposées sont regroupées par périodes historiques au sein desquelles elles dialoguent en fonction de leur origine géographique mais aussi de leur usage féminin ou masculin. La collection permanente du musée contient des bijoux très différents qui nous sont parvenus des différentes époques : préhistoire (notamment travail des coquilles d'oeuf d'autruche), périodes préromaine (début du travail du métal), romaine, islamique médiévale et moderne. En parcourant les salles d'exposition, on apprend que les bijoux du Maroc se divisent en deux grandes catégories : les bijoux ruraux et les bijoux citadins. Les premiers sont essentiellement composés d'argent, de cuivre et d'étain. En revanche, les bijoux citadins, qui sont le fait de grands ensembles urbains comme Fès, Meknès, Essaouira, Tétouan ou Tanger, utilisent surtout l'or ou l'argent doré. On peut admirer au musée des chefs-d'oeuvre de l'artisanat citadin représentés par un «lebba» d'apparat, collier pectoral ou un diadème de mariée. Les bracelets, boucles d'oreilles et autres pendentifs étaient réservés aux femmes, les hommes ne portant que des bagues. Cependant, ils disposaient d'accessoires d'apparat insoupçonnés : les armes. Le musée nous fait ainsi découvrir le travail magistral des artisans sur des fusils (différents selon l'origine géographique), des poires à poudre et autres instruments guerriers. Un poignard serti de pierres précieuses provenant de Marrakech nous montre le raffinement extrême qui pouvait être mis en oeuvre pour faire d'une arme le symbole du pouvoir, de la richesse et de l'autorité d'un homme. D'autres objets masculins, notamment les étuis destinés à accueillir les «dalil al khaïrat» (recueils de prières), pouvaient également être le support sur lequel les orfèvres faisaient la preuve de leur maestria. Chaque région du Royaume avait sa spécificité dans le domaine de la bijouterie et aucune d'entre elles n'a été oubliée puisqu'on peut voir les trésors nationaux de Tanger jusqu'à ceux du Sahara en passant par l'Anti-Atlas et Marrakech. Une salle du Musée a été réservée à l'exposition de «l'envers du décor», c'est-à-dire des outils et techniques utilisés par les artisans des différentes époques pour réaliser leurs chefs-d'oeuvre. Le Musée national des bijoux nous instruit ainsi en filigrane sur l'histoire nationale marocaine dans sa diversité. L'esthétique des pièces présentées et les techniques permettant leur réalisation, empruntent à toutes les influences (arabe, hispano-mauresque, amazighe) qui composent le socle artistique et artisanal national.