Il était enseignant à Meknès. Sportif, Schaffar, à 72 ans, parle couramment l'arabe et le berbère pour la simple raison qu'il a sillonné les routes des tribus marocaines pendant plus de 45 ans. Il a réalisé une collection et un bel ouvrage. La collection quasi magique issue de la fondation Schaffar, composée des plus beaux ornements berbères, souvent anciens, ont été exposés jusqu'au 15 mars dans la boîte à bijoux qu'ouvrait pour ses visiteurs, l'élégant musée toulousain Paul-Dupuy. En décembre 2002, Jean-Jacques Schaffar a rétrocédé au Maroc une collection de bijoux anciens. Quelque 2.400 parures. Un travail d'environ un demi siècle durant lequel des milliers de kilomètres ont été parcourus, des centaines de tribus visitées, une infinité de rencontres avec les berbères. Il s'agit d'un trésor glané devant les portes des fonderies où ces prodiges d'orfèvrerie finissaient leur vie : coulés en lingots pour être ensuite utilisés dans l'industrie. Cette exposition est constituée de plus de 2.000-merveilles. Carte d'identité tribale : à chaque tribu, ses parures. C'est un grand livre d'argent et d'or des signes et des dessins ésotériques en appelant aux forces de la vie. La priorité de Jean-Jacques Schaffar a été de veiller à présenter des ensembles authentiques : rigoureusement intacts sur le plan de la tradition. La reconstitution de ces ensembles n'a pas été aisée : ces bijoux ne sont plus portés depuis le début des années 50 et le Maroc ne compte pas moins de 350 tribus et sous tribus. Ornement ou arme ? Le corps des femmes berbères n'était que breloques, sequins, pierreries et autres sonnailles. Parures de tête, parures pectorales, boucles d'oreille, de ceintures, anneaux de chevilles impressionnants (prisonnières du désert ?), et bracelets d'une modernité remarquable (cf. photos). On pourrait même sortir le soir avec ces lourds bracelets armés de piques mais enduits à l'intérieur de cire parfumée pour protéger la tendreté du poignet.... Ils étaient destinés à blesser ou tuer les voleurs de jeunesse qui razziaient au point d'eau comme un vulgaire chameau. Jean-Jacques Schaffar collecteur impénitent, plus proche de l'ethnologue que du fétichiste, « indique que tous ces objets du désir témoignent d'une culture de femmes à découvrir. Culture symboliste et culte solaire. Cette culture féminine reste la seule tradition «écrite» qui soit parvenue jusqu'à nous avec les manuscrits juifs de la vallée du Draâ». Bijoux des Berbères du Maroc. Un livre à plusieurs thèmes « Trésor et mystère des Berbères du Maroc » comprend plusieurs thèmes dont un aperçu sur la collection Schaffer, son auteur, la datation des bijoux, la symbolique, les représentations humaines et animales, les décors floraux et végétaux, les talismans et amulettes, les techniques… Parmi les symboles dont l'auteur parle, figure le palmier. « Dans la tradition du Sahara, il est dit qu'un homme peut vivre trois jours avec une datte. Le premier jour il consomme la peau, le second la chair, le troisième il pile le noyau pour en faire du pain. » Un ouvrage sur les bijoux, détourné A l'occasion de la tenue en France de la manifestation « Le temps du Maroc », un ouvrage signé Jean-Jacques Schaffar a été publié par plusieurs organismes et sous l'égide de Karim Lamrani. Il retrace 50 ans de recherches sur ce précieux patrimoine national par un ex-professeur à Meknès. La réussite de l'édition a poussé son auteur à conclure un contrat avec un éditeur à qui il a versé 200.000 Euros, par chèque, en fonction d'un acte dûment signé. Il lui a aussi livré la matière. Sur des sites Internet, on est informé qu'un livre sortira prochainement sur les bijoux des Bebères du Maroc, mais avec une autre signature. Plainte a été déposée pour escroquerie en France. A rappeler que J-J- Schaffar avait rétrocédé au Maroc une collection de plus de 1.500 pièces de bijoux berbères.