Nabil El Bousaadi Ce dimanche, avant même la proclamation officielle des résultats par la Commission Electorale indépendante et pendant que le dépouillement des bulletins avait encore lieu, pouvoir et opposition ont tous deux revendiqué la victoire aux élections législatives qui s'étaient tenues la veille en Côte d'Ivoire et auxquelles ont participé, pour la première fois ces dix dernières années, toutes les formations politiques du pays ouvrant, ainsi, la voie à un apaisement dans la vie politique d'un pays dont l'histoire récente a été fortement secouée par des tensions et des violences post-électorales. Ainsi, contrairement à la présidentielle d'Octobre dernier qui avait donné lieu à la mort de 87 personnes et plus de 500 blessés, le scrutin de samedi s'est déroulé dans le calme. Il a été marqué, notamment, par le grand retour du Front Populaire Ivoirien (FPI) qui, depuis l'arrestation de Laurent Gbagbo, en Avril 2011, avait boycotté tous les scrutins. Remis en liberté conditionnelle après avoir été acquitté par la Cour Pénale Internationale (CPI) en janvier 2019, l'ancien président qui vit, depuis lors, à Bruxelles compte retourner incessamment en Côte d'Ivoire où ses partisans l'attendent impatiemment. Mais si, pour l'opposition, ces législatives ont été l'occasion d'obtenir le maximum d'élus à l'Assemblée pour empêcher toute « consolidation du pouvoir absolu » du président Alassane Ouattara, ce dernier cherche, de son côté, à conserver la majorité absolue de 167 sièges sur les 255 que compte l'Assemblée qu'il avait obtenu en Décembre 2016 lorsque son parti, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), s'était allié au Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) de l'ancien président Henri Konan Bédié. Ainsi, à en croire Adama Bictogo, le numéro deux du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), au pouvoir, l'objectif « de remporter autour de 60% des sièges » aurait déjà été atteint du moment et «à cette étape du dépouillement, les premières tendances montrent clairement que [le RHDP] sortira vainqueur avec une majorité confortable». En s'exprimant au nom de l'opposition, Niamkey Koffi, le coordinateur général du Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) a affirmé, pour sa part, que le taux de participation « n'a pas dépassé 20% » au niveau national car, en craignant les violences, en dépit de la présence d'« Indigo », une organisation ayant déployé quelques 500 observateurs dans tout le pays, « la population n'a pas manifesté un réel intérêt pour cette élection ». Il ajoutera, par ailleurs, que la coalition qu'il représente – suite à l'alliance de son parti avec « Ensemble pour la Démocratie et la Souveraineté », une coalition regroupant les partisans de l'ancien président Laurent Gbagbo et dominée par le Front Populaire Ivoirien (FPI) – aurait remporté près de 128 sièges donc la majorité des 255 sièges de l'Assemblée. Mais où est donc la vérité dans tout çà alors que dimanche soir, pendant que le dépouillement était toujours en cours, Niamkey Koffi qui a dénoncé «des résultats provisoires émaillés de tricheries, de tripatouillages, de manipulations (...) et de tentatives d'inversion des résultats» avait tenu à mettre en garde «le gouvernement contre toute tentative qui fausserait la sincérité du scrutin» et ce, principalement dans ces grandes villes et importantes circonscriptions où le PDCI et le RHCP revendiquent la victoire ? Est-ce à dire que l'éclaircie qui a montré le bout de son nez pourrait n'être que de courte durée ? Espérons que le bon sens prévaudra chez les uns et chez les autres et attendons pour voir...