Présidentielles ivoiriennes Nabil El Boousaadi Alassane Ouattara sera-t-il candidat, malgré lui, à un troisième mandat présidentiel à la tête de la Côte d'Ivoire alors même qu'il ne le souhaitait pas et que la Constitution ne le permet pas ? Il semble bien que ce soit le cas après le décès inopiné, le 8 juillet dernier, du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, ce «fils» et «plus proche collaborateur» du chef de l'Etat, à qui le vieux président avait balisé le terrain pour qu'il puisse se voir attribuer le flambeau à l'issue des élections présidentielles prévues le 31 Octobre prochain. En accordant son soutien à Amadou Gon Coubilaly qui fut son Secrétaire général puis son Premier ministre, le président Alassane Ouattara avait écarté, du même coup, les autres concurrents ; à savoir, l'ancien président de l'Assemblée Nationale, Guillaume Soro, et le ministre de la défense Hamed Bakayoko. Or, après la mort de son dauphin, le vieux président qui est arrivé au crépuscule de sa carrière politique tout en restant «prisonnier de son attachement exclusif à un dauphin à la santé fragile» est, désormais, un homme seul qui, une semaine après le décès de son «protégé», avait avoué au magazine «Jeune Afrique» que «pour préserver la stabilité du pays», il ne voit pas d'autre solution que celle de déposer sa candidature pour un nouveau mandat s'estimant seul capable de battre ces deux « éléphants » de la politique ivoirienne que sont les anciens présidents Henri Konan Bédié (86 ans) et Laurent Gbagbo (75 ans). A noter, toutefois que s'ils s'allient – ce qui n'est pas à écarter – ceux-ci ont de très fortes chances de l'évincer du pouvoir. Aussi, dès l'achèvement des obsèques d'Amadou Gon Coulibaly, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), parti du président, a lancé, sur les réseaux sociaux, une pétition faisant office de plébiscite en faveur d'Alassane Ouattara considéré comme étant le «seul» à même de «faire gagner et de maintenir l'unité du pays». Abondant dans ce sens, Kobenan Kouassi Adjoumani, le porte-parole du RHDP ira même, dans une lettre publique, jusqu'à implorer le Chef de l'Etat «d'accepter le sacrifice d'être candidat (car) le regard des militants se tourne inexorablement» vers lui , le seul apte à leur «redonner l'espoir que la disparition d'Amadou Gon Coulibaly leur a arraché (...) rassembler la grande famille du RHDP (et) garantir la sécurité, la stabilité et la paix si chères à la Côte d'Ivoire et aux Ivoiriens». Présent, le 14 Juillet dernier, aux obsèques de l'ancien Premier ministre de Côte d'Ivoire, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, soucieux de jouer la «carte de la stabilité» et pour lequel «la rupture n'est pas possible», s'est immédiatement rangé du côté du président Alassane Ouattara; ce qui, au demeurant, ne peut que réjouir Alpha Condé, le président de la Guinée voisine, toujours en quête d'un troisième mandat en dépit de l'opposition de la rue guinéenne. Considérant, enfin, qu'en dehors du président Alassane Ouattara, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) aura du mal à trouver un candidat consensuel dans le court délai qui le sépare des prochaines élections, le chef de l'Etat qui «a toujours laissé une fenêtre ouverte en disant que si ceux de sa génération étaient candidats, il pourrait se représenter» va, incontestablement, participer à la course à la présidentielle puisque l'ancien président Henri Konan Bédié (86 ans) va défendre les couleurs du principal parti d'opposition, le Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), et que le Front Populaire Ivoirien (FPI) souhaiterait lancer dans la course l'ancien président Laurent Gbagbo (75 ans) en dépit de la procédure toujours en cours contre lui à la Cour Pénale Internationale. Qu'adviendra-t-il d'ici-là ? Attendons pour voir...