Le président américain Joe Biden a promis mardi de « redoubler d'efforts » avec le Premier ministre canadien Justin Trudeau contre le changement climatique, lors de sa première rencontre bilatérale — virtuelle — censée illustrer la priorité donnée aux alliés proches après les turbulences de l'ère Trump. « Les Etats-Unis n'ont pas d'ami plus proche, plus important que le Canada », a lancé le démocrate au terme de cette réunion par visioconférence. « C'est pour cela que vous avez été le destinataire de mon premier appel en tant que président ainsi que ma première rencontre bilatérale », avait-il souligné en début d'entretien. Justin Trudeau a lui salué « l'extraordinaire amitié » entre les deux pays voisins. Pandémie de Covid-19 oblige, le président Biden s'abstient pour l'heure de voyager à l'étranger ou de recevoir des homologues à la Maison Blanche. Cela empêche celui qui compte sur sa capacité à nouer de bonnes relations personnelles, ainsi que sur les amitiés tissées lorsqu'il était vice-président de Barack Obama entre 2009 et 2017, de jouer sur le contact direct pour démontrer que « l'Amérique est de retour » auprès de ses alliés. Cette politique étrangère en rupture avec « l'Amérique d'abord » unilatéraliste et souverainiste de son prédécesseur Donald Trump a été néanmoins mise en scène lors de la rencontre virtuelle de mardi, qui devrait être suivie d'autres avec les alliés de Washington. Joe Biden et Justin Trudeau ont abordé les urgences du moment, comme la lutte contre le changement climatique et contre la pandémie, ainsi que la relance de l'économie nord-américaine. « Nous avons redoublé d'efforts pour lutter contre le changement climatique », a déclaré le président américain, annonçant un forum « de haut niveau » pour coordonner les politiques des deux voisins, afin que leurs économies atteignent la neutralité carbone d'ici 2050. « Merci encore une fois de vous impliquer aussi énergiquement », « le leadership américain nous a beaucoup manqué ces dernières années », lui a dit le dirigeant canadien dans une critique directe de l'ex-président qui avait retiré les Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat, rejoint à nouveau par Joe Biden. Il a même ironisé sur le fait que les Américains ne retirent plus, désormais, « toutes les références au changement climatique » des communiqués communs — « au contraire, ils en ajoutent », et « c'est agréable ». Justin Trudeau a même semblé vouloir tourner la page, en tout cas en public, au sujet de l'oléoduc Keyston XL, qu'il n'a pas mentionné dans ses discours. L'arrêt de ce projet relancé par Donald Trump mais dénoncé par les associations écologistes avait été une des premières décisions de Joe Biden en janvier, suscitant la déception d'Ottawa qui le soutenait. Les deux hommes ont aussi évoqué la compétition avec la Chine, que l'Américain a dit vouloir « coordonner » avec le Canada pour « contrer les menaces contre nos intérêts et valeurs ». « En tant que dirigeants de démocraties majeures, il nous incombe de démontrer que la démocratie peut encore répondre aux attentes de nos concitoyens », au moment où « de nombreux dirigeants à travers le monde tentent d'affirmer que les autocraties marchent mieux », a plaidé Joe Biden. Il a promis de « travailler ensemble jusqu'au retour » de deux Canadiens détenus en Chine, Michael Kovrig et Michael Spavor — soutien dont son interlocuteur l'a chaleureusement remercié. Le nouveau locataire de la Maison Blanche soigne le chef du gouvernement canadien, qui entretenait des relations notoirement difficiles avec Donald Trump. Le Canadien avait vexé l'ex-président américain lors du sommet du G7 en juin 2018 au Québec en jugeant « insultante » la décision de Washington d'imposer des taxes sur les importations d'acier et d'aluminium du Canada. Le milliardaire républicain avait, en guise de représailles, retiré la signature des Etats-Unis du communiqué final, traitant au passage l'hôte du sommet de personne « très malhonnête et faible ». Après l'entrée de Joe Biden dans le Bureau ovale, Justin Trudeau avait salué une « nouvelle ère » entre les deux pays, estimant que le démocrate était « beaucoup plus aligné » avec « les valeurs des Canadiens ».