Suite au drame dans l'atelier de textile à Tanger, la tragédie signale le danger quotidien subi par les professionnels du secteur de l'informel. Qui sont les vrais responsables du drame de Tanger ? Quelles sont les mesures prises pour lutter contre ce phénomène ? Ali Lotfi, secrétaire général de l'Organisation Démocratique du Travail, intervient. Aya Lankaoui Ce phénomène a été finalement reconnu par la CGEM, puisque cette problématique a fait partie de ses six priorités pour l'année 2021. Notant que la banque centrale marocaine, estime que le secteur informel représente un tiers du produit intérieur brut du Royaume. Dans les détails et afin de lutter contre ce fléau de façon définitive, des mesures courageuses et pragmatiques, à l'instar de la généralisation de la couverture sociale, ces dernières doivent être prises dans le cadre d'une stratégie globale. Le patronat a défini 6 priorités pour cette année : appuyer l'entreprise par l'opérationnalisation de la stratégie de renforcement des fonds propres (Fonds Mohammed VI) ; améliorer l'accès aux coûts des facteurs de production de l'entreprise ; opérer un choc de simplification en faveur du développement économique ; promouvoir le (Made In Morocco) et le soutenir par la préférence nationale ; favoriser l'emploi et la reconversion pour une meilleure employabilité et l'engagement national pour intégrer le petit informel et éradiquer le grand informel. Dans le même ordre d'idées, le patronat estime que, l'intégration du petit informel passe par l'élargissement de la couverture sociale et par l'inclusion financière : le déploiement du Mobile Payment ; la refonte du statut de la micro finance pour en faire un levier plus fort d'inclusion ; le développement des outils de financement des TPE et des Particuliers ; la dématérialisation des paiements e et le renforcement de l'éducation financière. Quant à l'éradication du grand informel, cela passe par l'éradication de la rente (identifier et supprimer les sources de rente); le renforcement de l'action douanière au niveau des frontières (contrebande); la lutte contre la corruption (dématérialisation des échanges avec l'administration;la pénalisation des fausses factures; l'accompagnement dans l'intégration des UPI (unité de production informelle) dans l'économie formelle (cadre réglementaire spécifique et incitatif pour les UPI (appui à l'accès au marché et renforcement des capacités). A cet effet, Ali Lotfi, secrétaire général de l'Organisation Démocratique du Travail, révèle dans une déclaration adressée à la rédaction d'Al Bayane, qui sont les vrais responsables du drame de Tanger, qui a conduit à ce débat sur le secteur informel. «Tout d'abord, il y a une enquête orientée par SM le Roi Mohammed VI, lors du dernier conseil des ministres, dans le but d'identifier qui sont les vrais responsables du drame de Tanger. Cependant pour nous, la responsabilité claire et transparente en premier lieu est le Ministère du Travail et de l'Insertion Professionnelle. Mr le ministre est le premier responsable, parce qu'il devrait annoncer que cette entreprise qui travaille contrairement au code du travail, à la loi, et dans des conditions qui malheureusement ne respecte pas les dispositions concernant la sécurité et la santé au travail», annonce-t-il. «En deuxième lieu, si on avance beaucoup plus dans l'enquête, la société chargée de la gestion de l'eau et de l'électricité au niveau de la région de Tanger, étant donné que le fait d'avoir, après des pluies abondantes, une suspension complète d'accès dans une entreprise, la société chargée de la gestion de l'eau et de l'électricité n'a pas respecté le cahier des charges concernant la réforme et l'installation des sites de Tanger », ajoute-t-il. D'autre part, Ali Lotfi annonce que l'Organisation Démocratique du Travail espère depuis l'ère de Driss Jettou de résoudre le problème du secteur informel. « Je crois que ce phénomène est devenu un slogan chez nous au Maroc. Depuis le gouvernement de Driss Jettou, on a commencé à parler de l'intégration du secteur informel dans le secteur organisé. Mais malheureusement, on constate qu'aujourd'hui au Maroc, et depuis ces temps-là, ce secteur se développe d'une façon étonnante, notamment avec l'exode rural. Notant que selon le HCP, deux millions de personnes travaillent dans le secteur de l'informel vu qu'ils n'ont bien sûr pas trouvé des débouchés dans le secteur organisé », annonce-t-il. Par ailleurs, le secrétaire général de l'Organisation Démocratique du Travail, a souligné que l'industrie turque représente un véritable concurrent pour l'industrie marocaine. « Malheureusement, depuis ces dix dernières années, on ne voit au Maroc que des produits turques. Que ce soit l'habillement, les articles ménagers, les produits alimentaires : cela détruit les entreprises qui voulaient s'intégrer dans le tissu économique organisé, et on a laissé la voie ouverte à l'informel », martèle-t-il. «Nous, en tant qu'Organisation Démocratique du Travail, on propose d'aider les TPE et les PME à s'intégrer dans l'économie nationale, en réduisant les impôts afin que toutes les entreprises respectent le SMIG social, et que toutes les travailleuses et travailleurs soient inscrits à la CNSS», ajoute-t-il. « Il faut aussi développer une industrie marocaine, car ces derniers temps, on a vécu une sorte d'attaque de la part de l'industrie turque ; matériels et produits de la Turquie. Il faut encourager le produit marocain (Made In Morocco), pour inciter le secteur informel à s'intégrer et s'adapter à l'économie nationale et résoudre leur situation », conclut-t-il. Ainsi, au vu de ce qui précède, tout porte à croire que seule une volonté politique pourra résoudre ce problème.