Le Forum économique mondial, qui abandonne cette année les neiges de Davos au profit d'un format complètement virtuel, s'ouvre lundi avec le discours du président chinois Xi Jinping, dont le pays semble avoir tourné la page du coronavirus, sur le plan économique du moins. Plus tard dans la journée, la présidente de la BCE Christine Lagarde débattra, aux côtés du ministre français de l'Economie Bruno Le Maire, de son homologue allemand Peter Altmaier et du PDG de Goldman Sachs, de la manière de « restaurer la croissance économique ». C'est, avec la maîtrise d'une pandémie qui continue à tuer partout dans le monde, la question clé pour les officiels, responsables d'entreprises et scientifiques participant à cette semaine de tables rondes virtuelles. L'optimisme qui a prévalu en novembre quand les vaccins sont devenus une réalité n'est plus de mise en ce début d'année, marqué par l'imposition de nouvelles restrictions et la progression de variants du coronavirus. Lors de l'édition 2020 du WEF, l'apparition en Chine d'une mystérieuse pneumonie – qui n'était pas encore une pandémie – ne suscitait encore qu'une vague inquiétude. L'élite économique réunie dans la cossue station alpine était plus intéressée par les passes d'armes entre Donald Trump et Greta Thunberg que par le confinement décrété à Wuhan. Un an plus tard, alors que le milliardaire républicain vient de quitter à contrecoeur la Maison Blanche, le continent asiatique revient sur le devant de la scène pour cette 51e édition, sur le thème: « Une année cruciale pour rebâtir la confiance ». L'Europe fera acte de présence via le président français Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel ou la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. La toute fraîche administration Biden, qui a entrepris de renouer avec le multilatéralisme, dépêche, elle, l'immunologue Anthony Fauci, conseiller de la présidence sur la pandémie. Ainsi que John Kerry, l'envoyé spécial pour le climat, qui sera certainement bien accueilli après la décision du nouveau président démocrate de faire revenir les Etats-Unis dans l'accord de Paris. L'Asie sera représentée par les présidents chinois et sud-coréen, et les Premiers ministres indien et japonais. Comme un symbole, après cette première session virtuelle, « Davos » se transportera en mai à Singapour, loin de la station de ski suisse où se déroule habituellement ce symposium créé en 1971 par le professeur allemand Klaus Schwab. La raison invoquée est la « sécurité sanitaire », la cité-Etat, qui n'a eu à déplorer que 29 morts, étant jugée plus sûre que Genève, un temps évoquée comme solution de repli. Cet accent particulier mis sur l'Asie par les organisateurs du Forum économique mondial fait écho au résultat d'une étude récente de l'assureur-crédit Euler Hermès montrant qu'à la faveur de l'épidémie, le PIB chinois devrait égaler le PIB américain dès 2030, soit deux ans plus tôt qu'anticipé avant la crise. Seule grande économie à avoir dégagé une croissance en 2020, de 2,3%, la Chine a aussi gagné des parts de marché: son excédent vis-à-vis des Etats-Unis s'est accru de 7% en 2020, signant l'échec de la guerre commerciale menée par Donald Trump. Un autre grand sujet débattu cette semaine sera celui de la montée des inégalités et du risque que cela fait peser sur la cohésion des sociétés – et ce alors que le nom de Davos symbolise, pour ses critiques, la toute-puissance de l'argent et les dérives de l'ultra-libéralisme. Les organisateurs entendent d'ailleurs « refonder le capitalisme ». Oxfam a appelé à taxer les plus riches pour combattre « le virus des inégalités », selon le titre de son rapport annuel publié lundi, et qui chaque année fait figure de piqûre de rappel pour les participants au Forum économique mondial. Alors que des millions de personnes ont plongé dans la pauvreté, les milliardaires ont vu leur fortune augmenter de 3.900 milliards de dollars entre le 18 mars et le 31 décembre 2020, a calculé l'ONG.