Immunisation contre les virus Noureddine Hassani (MAP) A mesure que la planète s'enfonce dans le bourbier de la pandémie de Covid-19 et continue à subir de plein fouet les pertes en vies humaines et les ravages économiques induits par les mesures de distanciation sociale imposées pour en prévenir la propagation, les yeux du monde entier se tournent vers la science. En l'absence d'un traitement efficace et approuvé par la communauté scientifique, la recherche dans le domaine de l'immunologie est désormais le seul espoir pour un retour à la normalité. Si au début de l'épidémie, les scientifiques ont cherché à tempérer l'enthousiasme des politiques quant au développement rapide d'un vaccin contre le coronavirus, aujourd'hui, onze mois après l'apparition des premiers foyers de Covid-19, l'espoir semble enfin permis grâce à la mobilisation des scientifiques et de l'industrie pharmaceutique. L'ampleur sans précédent de cette pandémie a, vraisemblablement, conduit à accélérer les processus de mise au point des vaccins, dont le développement nécessite au moins 18 mois en période normale. Selon l'Organisation mondiale de la Santé, « un vaccin est une préparation administrée pour provoquer l'immunité contre une maladie en stimulant la production d'anticorps ». On y trouve des suspensions de micro-organismes inactivés ou atténués, ou des produits ou dérivés de micro-organismes. L'injection est la voie d'administration la plus courante, mais certains vaccins sont donnés par voie orale ou en pulvérisations nasales. Il existe plusieurs types de vaccins. Chacun est conçu pour enseigner à votre système immunitaire comment combattre certains types de germes et les maladies graves qu'ils provoquent. Le principal composant d'un vaccin est l'agent infectieux, ou une partie de celui-ci, responsable de la maladie contre laquelle il protège. L'agent infectieux (virus ou bactérie) est rendu inoffensif. Lorsque les scientifiques mettent au point des vaccins, ils prennent en considération la manière avec laquelle le système immunitaire réagit au virus ou à la bactérie, la catégorie de personnes devant être vaccinées contre l'agent infectieux et la meilleure technologie ou approche pour créer le vaccin. Sur la base d'un certain nombre de ces facteurs, les scientifiques décident du type de vaccin qu'ils vont développer. Il existe quatre principaux types de vaccins: les vaccins vivants atténués; les vaccins inactivés; les vaccins sous-unitaires, recombinants, polysaccharidiques et conjugués; et les vaccins anatoxines. Les vaccins vivants utilisent une forme affaiblie (ou atténuée) du germe qui cause une maladie. Parce que ces vaccins sont si similaires à l'infection naturelle qu'ils aident à prévenir, ils créent une réponse immunitaire forte et durable. Seulement 1 ou 2 doses de la plupart des vaccins vivants peuvent offrir au corps une protection à vie contre un agent infectieux et la maladie qu'il provoque. Parmi les vaccins réussis de ce type figurent ceux utilisés pour se protéger contre la rougeole, oreillons, rubéole (ROR), le rotavirus, la variole, la varicelle et la fièvre jaune. En revanche, les vaccins vivants ont également certaines limites. Du fait de la présence d'une petite quantité du virus vivant affaibli, ils peuvent présenter des risques pour certaines personnes dont le système immunitaire est affaibli, ceux souffrant de maladies chroniques ou ayant subi une transplantation d'organes. Dans ces cas, un avis médical est recommandé. A cela s'ajoute le besoin d'une conservation au frais qui complique son transport et son entreposage. Les vaccins inactivés utilisent la version tuée de l'agent infectieux responsable d'une maladie. Dans sa conception, un virus entier est rendu inapte à la multiplication du fait d'un traitement physique ou chimique. Parmi les exemples réussis de vaccins de ce type, on trouve ceux utilisés pour se protéger contre l'hépatite A, la grippe, la polio et la rage. Ce genre de vaccins n'offre généralement pas une immunité (protection) aussi forte que les vaccins vivants. Il peut nécessiter l'inoculation de plusieurs doses au fil du temps (injections de rappel) afin d'obtenir une immunité continue contre les maladies. Cependant, les vaccins inactivés (comme celui développé par le groupe chinois SinoPharm et commandé par le Maroc) ne nécessitent pas un conditionnement compliqué, du fait qu'ils se conservent dans une température allant de 2 à 8 degrés Celsius, ce qui rend facile leur transport et entreposage même dans les pays les moins avancés. Les vaccins sous-unitaires, recombinants, polysaccharidiques et conjugués utilisent des composantes spécifiques du virus/bactérie après traitement – comme sa protéine, son sucre ou sa capside (une enveloppe autour du germe). Ces vaccins sont utilisés pour se protéger contre la maladie à Hib (Haemophilus influenzae type b), l'hépatite B, le virus du papillome humain (HPV) ; la coqueluche (faisant partie du vaccin combiné DTaP), la maladie pneumococcique, la méningococcie et le zona. Etant donné que ces vaccins n'utilisent que des composants spécifiques du germe, ils donnent une réponse immunitaire très forte qui cible des parties clés de l'agent infectieux. De même, ils peuvent être prescrits à presque tous ceux qui en ont besoin, y compris les personnes ayant un système immunitaire affaibli et des problèmes de santé chroniques. L'une des limites de ces vaccins est qu'on a parfois besoin d'injections de rappel pour obtenir une protection continue contre les maladies. Les vaccins à base d'anatoxine utilisent une toxine (produit nocif) fabriquée par le germe qui cause une maladie. Ils créent une immunité contre les parties du germe responsables de la maladie au lieu du germe lui-même. Cela signifie que la réaction immunitaire est ciblée sur la toxine au lieu du germe en entier. Les vaccins anatoxines sont communément utilisés pour se protéger contre des maladies comme la diphtérie et le tétanos. Comme certains autres types de vaccins, le corps peut avoir besoin d'injections de rappel des vaccins à base d'anatoxine pour obtenir une protection continue contre les maladies. Les scientifiques travaillent toujours à la création de deux nouveaux types de vaccins : Les vaccins à base d'ADN: Ceux-ci sont faciles et peu coûteux à fabriquer et produisent une forte immunité à long terme. Bien que plus de 500 essais cliniques aient été menés ou soient en cours avec des vaccins à ADN, aucun vaccin humain à base d'ADN n'a encore été approuvé. Les vaccins à base d'ARN: La technique de l'ARN messager (ARNm) consiste à envoyer un message à l'organisme sous la forme d'un morceau d'ADN. Son but est d'inciter l'organisme à fabriquer lui-même une fraction inactive du virus, puis les anticorps pour lutter contre ce virus. Certains vaccins ARNm comme celui de l'Américano-allemand Pfzier/BioNTech nécessitent une conservation à -70 degrés Celsius, ce qui rend difficile leur transport et leur stockage. Les vaccins à vecteurs recombinants (adénovirus) agissent comme une infection naturelle. Ils sont donc particulièrement bons pour enseigner au système immunitaire comment combattre les germes.