PLF-21: Reclassement de l'aviculture comme activité agricole Le secteur avicole marocain comme la majorité des secteurs n'as pas échappé aux effets de la pandémie du nouveau coronavirus. C'est ainsi que le projet de loi de finances (PLF-21) au titre de l'année 2021, prévoit dans sa version adoptée par la Chambre des représentants, le reclassement de l'aviculture comme activité agricole. Quelles sont les principales mesures de ce reclassement ? Et quelles visions adopte la nouvelle stratégie agricole «Génération Green 2020-2030» ? Contacté par Al Bayane, le directeur de la Fédération Interprofessionnelle du Secteur Avicole au Maroc (FISA), Chawki Jerrari nous explique. Propos recueillis par Aya Lankaoui Al Bayane: La crise pandémique a impacté sérieusement l'économie nationale. Quelle est la situation dans le secteur avicole? Chawki Jerrari: Une catastrophe globale pour le secteur avicole. Le secteur a subi de profondes mutations, car les mesures sanitaires ont amené à la fermeture des souks, des restaurations collectives, l'interdiction des évènements. Tout cela s'est traduit par une baisse importante de la demande sur le poulet et sur l'œuf. Donc, les prix ont baissés à des niveaux très bas. Pour le poulet, on était pratiquement à 6 Dirhams. Pour l'œuf, à 45 centimes l'unité. Donc, se sont des pertes très importantes pour l'ensemble des opérateurs qui ont duré pendant cinq mois. Notons que les aviculteurs ont résisté pendant cinq mois. Mais à la fin ils étaient contraints de baisser la production afin de l'équilibrer avec la demande. La production du poulet aujourd'hui est pratiquement à 50% d'une manière à ce que les prix puissent monter. Et cela ce n'est pas quelque chose qui était voulue par les opérateurs, mais ils étaient contraints de le faire. Compte tenu d'une perte colossale qu'ils ont subi pendant cinq mois. Et quelle est la situation du secteur avicole aujourd'hui? Aujourd'hui, on est en train de rebaisser, le poulet est vendu entre 11 et 11.50 Dirhams. Il y a deux ou trois semaines on était entre 15 et 16 Dirhams. Donc voilà la situation est en train de revenir inquiétante. J'espère que les prix ne vont pas rebaisser au niveau de celui du confinement. La PLF-21 a reclassé l'aviculture comme activité agricole. Comment avez-vous accueilli cette mesure? Notre fédération (FISA) a demandé cette mesure depuis 1995. Chaque année à l'occasion de la loi de finances, on demande le reclassement de l'activité avicole dans le secteur de l'agriculture. C'est un classement qui est tout à fait logique et normal, compte tenu de notre activité. Malgré qu'on soit classé aujourd'hui comme commerçants de volailles en gros, le vendeur de volaille n'est pas un commerçant. Cette situation actuelle est anormale, heureusement que cette année on a eu gain de cause. Et on sera bientôt reclassé dans le secteur agricole. Pour nous, ce reclassement est une question de principe. Autrement dit, si on exerce des activités agricoles, on doit être classé dans le secteur agricole. Quel est le grand changement qu'apportera cette mesure, et notamment à l'issue productif du secteur avicole? Maintenant, on sait que les mesures fiscales du secteur agricole ne sont plus avantageuses que celles du secteur de l'industriel ou commercial. Le secteur agricole connaitra l'année prochaine des avantages tarifaires au profit des opérateurs. Tous les aviculteurs qui réalisent un chiffre d'affaires moins de 5 millions de dirhams seront exonérés. Ceux qui réalisent un chiffre d'affaires au-delà de 5 millions de dirhams seront taxés à 17,5%. Pour la situation actuelle, tout le monde est taxé à 30%. Donc vous pouvez voir la différence. L'impact de cette mesure ne sera pas très important. Ce n'est pas cela qui va régler le programme du secteur avicole. Peut-on imaginer d'autres mesures de soutien au secteur avicole? Dans le cadre de la nouvelle stratégie de développement du secteur agricole «Génération Green 2020-2030» présentée devant SM Le Roi Mohammed VI par le ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime Aziz Akhannouch, des initiatives seront mises en place en vue d'améliorer les conditions du travail dans le secteur agricole, afin d'encourager les opérateurs à investir davantage.