La grogne monte d'un cran chez les aviculteurs. La grève des transporteurs a sérieusement affecté l'activité en amont et en aval du secteur. La FISA (Fédération interprofessionnelle du secteur avicole) clame haut et fort l'anarchie qui a prévalue pendant la grève et l'abus de pouvoirs de certains syndicats de transport qui a causé le blocage et même parfois la casse des propres camionnettes des opérateurs avicoles. A en croire les responsables de la FISA, les pertes cumulées sont évaluées à des dizaines de milliards de dirhams. La grève se poursuit toujours du côté de certaines représentations syndicales qui dénoncent l'accord conclu, jeudi dernier entre le gouvernement et les transporteurs routiers. Mis à part le blocage des fruits et légumes, les grévistes s'attaquent même aux minotiers et produits laitiers. Le marasme provoqué par la grève des transporteurs n'a pas, semble-t-il de limite. Le bras de fer continue et la suspension de la grève, comme annoncé dans un communiqué du ministère de tutelle, n'est vraiment intégrale. Les divergences de position entre les syndicats du transport routier suscitent toujours des réactions et des blocages. Selon Chaouki Jirari, DG de la FISA, le droit à la grève est certes constitutionnel, mais doit être exercé dans un cadre de respect des libertés des autres. La fédération dénonce l'attitude du gouvernement et des autorités concernées, souligne son DG, et la non protection des personnes et des biens. Les grévistes usent de tous les moyens pour bloquer les camions de livraisons de marchandises et deviennent parfois même agressifs et violents pour manifester leur blocage. Le comble, regrette Jirari, c'est que malgré les plaintes adressées aux autorités compétentes aucune instruction particulière n'a été donnée pour arrêter des comportements jugés anarchiques et totalement déloyaux. Dans une déclaration à Al Bayane, le DG de la FISA confirme que la grève des transporteurs se poursuit. Le mouvement de boycott n'a pas été suspendu après la réunion des représentants des transporteurs avec le ministre de transport. La protestation continue dans de nombreux secteurs d'activités et dans plusieurs villes. S'agissant du secteur avicole, le blocage dit sauvage touche aussi bien l'amont que l'aval en allant de l'œuf de consommation à l'alimentation de la volaille et l'approvisionnement des marchés et abattoirs. Les conséquences sont on ne peut plus lourdes, affirme la FISA et les ruptures d'approvisionnement en aliments au niveau des fermes d'élevage augmentent les mortalités des volailles. La fédération des opérateurs avicoles a décidé de porter plainte contre le chef du gouvernement et déplore le manque de réactivité et l'absence de mesures concrètes à même de remédier à la situation de blocage sauvages, indique un communiqué. La FISA dénonce aussi les agressions physiques contre les chauffeurs des transports et la détérioration du matériel roulant et de certains cas de racket au niveau des barrages. Selon Jirari, on demandait jusqu'à 2000 dirhams pour libérer les camions dans certaines zones. La fédération a, en effet, demandé à « tous les aviculteurs de faire constater les mortalités des volailles qu'ils ont subies dans leurs élevages par leurs vétérinaires encadrants et par les huissiers de justice, et ce, en vue d'évaluer les pertes globales subies par le secteur ». A signaler que la poursuite de la grève des transporteurs routiers a frappé de plein fouet le pouvoir d'achat de la ménagère. Le kilo de viande blanche a nettement flambé depuis le déclenchement de la grève pour atteindre les 40 dirhams le kilo alors que même dans les périodes de fortes demandes du poulet, les tarifs ne dépassent jamais 18 à 20 dirhams le kilo. Et bien avant, le prix des viandes rouges et du poisson ont subi des corrections à la hausse sans précédent… Fairouz El Mouden
Suspension de la grève après l'accord avec le gouvernement La réunion qui a eu lieu le 31 octobre dernier avec les représentants du transport routier et le ministre de l'équipement et du transport et de la logistique et de l'eau a été marquée par une importante participation des organisations professionnelles de transport routier. Les différentes parties prenantes avaient convenu de revoir le seuil de tonnage en vigueur à la lumière des conclusions d'une commission qui sera créée. La question de sur-tonnage sera traitée avec flexibilité dans la limite de 30%. S'agissant de la subvention accordée au gasoil professionnel, une commission qui sera présidée conjointement par un représentant des professionnels et un autre du ministère de l'Equipement se penchera sur cette question et présentera une proposition concrète à ce sujet. Concernant la carte du conducteur professionnel toutes catégories confondues, il a été décidé d'exonérer les chauffeurs en exercice des frais de formation estimés à 8.000 dirhams, lesquels seront totalement pris en charge par le ministère.