Décalages entre prix de vente et coûts de production Le secteur avicole traverse-t-il aujourd'hui un cycle de décroissance ? Malgré la baisse, encore timide, des cours des matières premières sur le marché mondial, les éleveurs n'arrivent pas à couvrir leurs charges et peinent à retrouver le point mort. De même, malgré la hausse des prix de vente du poulet sur le marché local, la situation reste plutôt difficile et le manque à gagner de plus en plus élevé puisque l'essentiel des besoins en aliments est importé. Les coûts de production grèvent sérieusement la marge des aviculteurs. L'évolution des cours des matières premières sur le marché international, notamment le maïs et le tourteau de soja, a affiché une courbe ascendante ces deux dernières années. Ainsi, malgré la baisse des coûts des aliments composés de 0,35 dirham le kilo, les professionnelles avicoles trouvent beaucoup de difficultés à gérer la situation. Les matières premières représentent en fait plus de 90% du prix de revient de la volaille et 78% de celui de l'œuf. Les effets sur le coût de production de la volaille et donc sur leur prix de revient menacent leurs activités. Certains opérateurs n'hésitent pas à confirmer qu'ils vendent aujourd'hui à perte leurs volailles sur le marché local. Autrement dit, les prix de vente ne couvrent pas les coûts et le manque à gagner s'alourdit davantage. La perte serait de 1 dirham par unité de volaille vendue indique un éleveur. C'est bien le cas, souligne Chaouki Jerrari, DG de la Fédération interprofessionnelle du secteur agricole (FISA), qui précise que même avec cette petite correction à la baisse des prix des aliments composés, les prix de vente sont encore loin de couvrir les coûts de production du produit fini. Et d'ajouter qu'aujourd'hui l'éleveur vend à perte et le poulet (12 à 16 dirhams le poulet de chair) et l'œuf (0,60 dirham). Le marché, dit-il, est libre et le prix dépend de la loi de l'offre et de la demande. Plus encore, la multiplication des intervenants et des intermédiaires ne facilite pas le processus de fixation des prix. En effet, même avec la baisse des droits d'importations des aliments composés qui sont passés de 49 à 25% et la baisse à 2,5% des droits de douane, les éleveurs n'arrivent pas à couvrir les charges. Cela affecte toute la chaîne de production, de l'investissement à l'offre, en passant par la production et la consommation. Il faut peut-être le rappeler, le prix du poulet a connu des hausses importantes ces derniers mois. Une hausse qui a duré plus de trois mois (de janvier à fin mars 2013). Le niveau des tarifs a frôlé la barre de 20 dirhams le kilo pour le poulet de chair et plus de 60 dirhams le kilo pour le poulet beldi ou fermier, contre 45 dirhams le kilo il y a quelques mois. Actuellement, le prix de poulet de chair a été révisé à la baisse pour s'établir à 17/18 dirhams. L'autre variété du beldi maintient encore le même niveau de prix. Les spéculateurs tirent bien profit de cet état des choses. Selon un détaillant, la demande sur le marché de la zone nord du pays où le prix du poulet fermier frôle les 65 dirhams le kilo agit sérieusement sur les prix de vente. La hausse des prix de vente durant le premier trimestre de cette année reste plus au moins acceptable explique Chaouki Jerrari puisqu'elle a permis aux opérateurs de réaliser des gains, après 24 mois consécutifs de perte. La question qui se pose aujourd'hui est de savoir quel est le niveau de perte et non la perte proprement dite...