Par Karima El Otmani Dans un contexte économique marqué par des mutations sans précédent et des scénarios imprévus, le Maroc ne cesse de consolider ses efforts dans l'amélioration de son climat des affaires pour établir des conditions propices, attrayantes et favorables à la mobilisation de l'investissement au service de la croissance et du développement durable. Le développement du climat des affaires au Maroc nécessite la mise en place d'un processus d'élaboration, d'exécution et de suivi des grandes réformes pionnières et prioritaires, visant à améliorer l'environnement des affaires dans le pays. Les moyens mobilisés et les efforts déployés dans ce sens sont à saluer et surtout à poursuivre. Dans le classement Doing Business 2020 de la Banque mondiale, le Maroc a réalisé un bond de 7 places pour se hisser au 53è rang à l'échelle mondiale. «Cette avancée marque un progrès significatif dans la réalisation de l'objectif du Maroc consistant à atteindre le top 50 des plus grandes économies du monde d'ici 2021», avait indiqué le Département du Chef du gouvernement, à l'occasion de la publication du rapport «Doing Business 2020». «Le score positif du Maroc dans ce nouveau classement mondial est dû à l'adoption d'une série d'importantes mesures et réformes liées aux affaires et aux activités des entreprises marocaines, et qui s'inscrivent dans le cadre du programme de travail du Comité national de l'environnement des affaires (CNEA)», avait souligné la même source. Pour le Président du Centre marocain pour l'innovation et l'entreprenariat social (MCISE), Adnane Addioui, l'importance du climat des affaires se mesure par la confiance des différents acteurs économiques (ménages, entreprises). Il s'agit aussi de la mise en place des mesures structurantes (réformes fiscales) favorisant le climat des affaires, de la facilitation des procédures et dispositions juridiques, et de la disponibilité et l'accès au financement et au marché. «Durant la dernière décennie, a poursuivi M. Addioui, le Maroc a fourni beaucoup d'efforts pour promouvoir l'investissement, surtout les investissements directs à l'étranger (IDE), alors que les deux dernières lois de finances ont lancé des initiatives timides pour encourager les business angels, tant que le capital local n'est pas mobilisé pour les petits projets, nous ne pourrons pas voir de révolution entrepreneuriale», a-t-il estimé. «Un climat d'affaires dynamique est un climat où les jeunes n'ont pas peur d'entreprendre, où l'école est la plateforme d'apprentissage par défaut, où la famille soutient ses jeunes, où les acteurs n'ont pas peur de l'échec et encouragent l'innovation. Un doing business régional serait très pertinent pour positionner de manière plus claire les régions et attirer le potentiel local et international pour créer de la valeur et de l'emploi», a souligné le président du Centre. De son côté, Medhi Alaoui, vice-président de la Fédération marocaine des Technologies de l'Information, des Télécommunications et de l'Offshoring (APEBI), a estimé que «le climat des affaires au Maroc, à l'heure actuelle, n'est pas très favorable, surtout avec l'avènement de la crise sanitaire». «Le climat des affaires au Maroc souffre de problèmes structurants et profonds qui sont liés généralement aux délais de paiement, au degré de confiance, à l'accès au financement et à l'information, et au cadre réglementaire», a-t-il fait remarquer, ajoutant que le niveau de solvabilité des entreprises «n'est pas très satisfaisant», particulièrement au début de la crise. «Au début de la crise, les entreprises avaient déjà une santé financière fragile. Il est évident qu'une société en mauvaise santé financière aura beaucoup plus de difficultés à passer le cap de la crise Covid-19. Même si les mesures mises en place par l'Etat ont eu un effet amortisseur, elles ne réduisent pas ces fragilités structurelles», a fait observer M. Alaoui. Il est à souligner également que «les délais de paiement qui se sont encore allongés depuis mars dernier, maintiennent toujours un niveau très élevé, avec la crise de Covid-19, les entreprises ont plus de mal à recouvrer leurs créances commerciales. Les entreprises cherchent à conserver le plus longtemps possible le Cash. Tous ces constats amènent à des niveaux vraiment inquiétants». En outre, la situation économique exceptionnelle que connait le Royaume mène à un ralentissement de l'ensemble des chaines de fabrication, de production et de consommation. La conquête de nouvelles opportunités et l'émergence d'investissements porteurs de valeur ajoutée demeure désormais le challenge à gagner pour les opérateurs nationaux et les jeunes entrepreneurs, a-t-il indiqué. Désormais, le défi se présentant pour les opérateurs économiques nationaux face au manque de visibilité généré par la crise épidémiologique, est de «conquérir des marchés à fort potentiel de croissance, et mette en place les exigences à faire valoir pour mener à bien de nouveaux projets», a soutenu M. Alaoui. En revanche, la crise a révélé l'importance de la transformation digitale et a ouvert l'appétit du Maroc, qui voit désormais dans ce secteur un potentiel pour attirer plus d'investissements et créer plus d'emplois. «Le digital est au cœur de cette réinvention, il a pu instaurer plus de confiance et de transparence. Une opérationnalisation intégrée du digital s'impose d'urgence», a-t-il dit, appelant à la nécessité de faire preuve d'agilité pour pouvoir tirer profit des opportunités qui se présentent derrière chaque crise. Un climat des affaires efficient est essentiel pour le développement économique et social du Maroc. Le pays s'est engagé depuis plus d'une décennie dans des réformes visant à améliorer l'environnement dans lequel évoluent les opérateurs économiques. L'impact est «notable» dans bien des domaines, «mais encore insuffisant». Les efforts doivent continuer pour que les retombées économiques et sociales des réformes associées au développement du climat des affaires «soient plus visibles».