Le théâtre national en ballotage Saoudi El Amalki Molière, l'illustre dramaturge français du 17e siècle, disait un jour : «Si c'est votre façon d'aimer, je vous prie de me haïr !». Cette citation semble convenir aux détracteurs de Lahoucine Echaabi, à présent, qui viennent de fomenter l'un des plus abjects blasphèmes que le père des arts n'ait jamais connu. On ne saura offenser le théâtre ni ses apôtres avérés et Echaabi en est un, aussi limpide que l'eau de roche. Lui qui, tout au long de quatre décennies sans relâche ni répit, fut un magnanime serviteur et un probe fantassin de tous les combats acariâtres du théâtre marocain. Fin comédien sur scène, puis écrivain translucide du texte et enfin, farouche plaidoyer des métiers du théâtre, ce panthéon dithyrambe se démène comme le beau diable pour que l'art dramatique et ses mordus soient émergés des ténèbres. Il en fait, depuis des lustres, son cheval de bataille et sa raison d'être, sans jamais y renoncer ni s'y résigner. Il mène de main de maître, une infinité de sessions, de rencontres, de colloques..., pour mobiliser, orienter et encadrer les artistes, se concerter sur l'avenir et galvaniser la profession. Son rêve de voir s'émanciper le théâtre tant au plan de la créativité qu'à celui de la structuration, ne cesse de le hanter à la moelle. Sa ténacité pour ce dessein où il met du cœur et du savoir, est tel qu'il en subit de l'ingratitude voire de la hargne haineuse de ses proches. Ceux-là même aujourd'hui, n'ont pas froid aux yeux de se couvrir de dédain envers tout ce qu'il leur a rendu comme service, alors qu'ils gisaient dans l'anonymat, il n'y a pas si longtemps. Une fois qu'ils se mettent à voler de leurs propres ailes, ils ignorent de s'être bien rafraîchis les esprits dans l'abreuvoir inépuisable de leur maître. Il a beau leur élucider les voies du succès, ils ne veulent rien savoir, puisqu'ils ont la mémoire courte et refusent d'écouter quiconque. Le même Molière disait, en ce sens : «Il n'y a point de pires sourds que ceux qui ne veulent pas entendre !». Durant tout ce bout de temps, Echaabi ne cessait de servir la cause théâtrale au Maroc, à travers ses réflexions souvent lumineuses. Son altruisme faisait le tour du royaume et s'adjugeait l'estime et la reconnaissance de tout son entourage. Il ne cherchait pas à s'en servir comme se plaisaient à le faire certains de ces renégats, tombés de la dernière pluie. Aux côtés d'une pléiade d'icônes du théâtre de la nation, tel Taieb Seddiki ou encore Abdelkader Badaoui, il fut parmi les invités de marque de feu Hassan II, suite à la conférence qui avait séduit le défunt Monarque. Le souci d'asseoir des assises pérennes et le faire éclore dans le firmament de l'art national, tenaillait Echaabi, jusqu'aux entrailles. Il allait se focaliser sur l'instauration des piliers du théâtre, au profit de tous les artistes du pays dont la profession ne constituait guère une priorité des décideurs. Mais, il y a toujours des troubles-fêtes, sans histoire militante ni continence morale, qui naviguent dans les eaux de la mare pour en tirer des aubaines personnelles. Au cours des 80, Echaabi avait le mérite de réussir, en compagnie d'un parterre de compagnons, le festival de théâtre de la ville d'Agadir qui éblouissait à l'époque, une flopée de sommités de cet art, tel que Hassan Lamnai, Mohamed Keghat, Meskini S'Ghir, Abdelkrim Berrechid, Mohamed Kaouti, Lahoucine Hourri... Cette grosse prouesse dont l'artisan de choix n'était autre que Echaabi, faisait tâche d'huile, à travers le royaume et permettait alors, une nouvelle éclaircie, après le bout de chemin édifié par le théâtre amateur des années 70. On se demandait où étaient donc cachés ces rabat-joies qui sèment la discorde dans la famille des métiers de l'art. Pendant ce temps, Lahoucine Echaabi poursuit son bonhomme de parcours, en toute sérénité, car il est plus glorieux que ces petitesses!