Dans des démocraties qui se respectent, il aurait suffi qu'un responsable public s'amuse à gaffer dans telle ou telle démarche ou à faillir à sa mission, il n'hésite nullement à s'excuser auprès du peuple et présenter, ipso facto, sa démission, sans aucun atermoiement ni dérobade. Lorsqu'un premier ministre, comme c'est le cas récemment de la France, échoue dans son projet, il quitte le Matignon pour céder sa place à son successeur nommé par le président, en cérémonie protocolaire de l'événement qui se passe dans les règles du jeu. Le sens de responsabilité est sacré plus que n'importe quelle autre considération. Au Maroc, cette pratique démocratique, quoique le principe de la reddition des comptes soit écrit noir sur blanc dans la loi suprême du royaume, est totalement méconnue et ignorée sur toute la ligne. Chez nous, un chef de gouvernement se fait «piéger» par ses ministres pour pondre un projet de loi liberticide qui porte atteinte aux fondements de la constitution et se comporte, le sourire large, comme si rien n'était, sous la colère et l'indignation de la société. Le ministre des droits de l'homme se paie aussi le luxe de piétiner froidement le principe de déclaration du personnel à la CNSS, alors qu'il est censé le défendre mieux que quiconque, étant donné la tâche dont il est en charge. De même, le ministre de l'emploi, bourré de morale dont il est imprégné de par sa référence «théologique», comme son collègue sus cité d'ailleurs, il se précipite à déclarer ses collaborateurs du bureau d'avocat, de crainte de se faire épingler et trahir par la même bourde de son confrère de profession. On pourra conter une nuée de bévues dans lesquelles les ministres sont embourbés jusqu'au cou, mais on se contentera de ces récents impairs de peur de tomber dans la redondance. On se passera d'en évoquer d'autres, sauf qu'on rajouterait encore une. Cette fois-ci, c'est encore plus grave, puisqu'il est question d'un super ministre qui se plaît de s'adonner à la contravention d'un de ses innombrables fonciers dont pullule le sud marocain. Il s'agirait, entre autres de la contrefaçon alertée dans le projet en cours d'achèvement dans la station balnéaire de Taghazoute. Une risée qui ne dit pas son nom pour un richissime qui fait odieusement fi aux normes et obligations urbanistiques! Tous ces ministres «bornés» et bien d'autres hauts responsables de la sphère hiérarchique nationale, n'ont pas de cesse de se plier aux lois en vigueur et les violent sans vergogne au su et au vu de tout le monde. En dépit de leurs torts qui empestent dans le pays, ils ont encore le culot d'exercer impunément sans aucun opprobre ni scrupule. La démocratie se construit au plus haut de la pyramide comme si plus bas du piédestal. On ne peut donc prétendre passer dans la cour des grands avec de telles altérations au niveau de l'instance exécutive censée se produire en exemple de loyalisme et d'exactitude. Du chemin à franchir dans notre jeune démocratie qui se fragilise par des récalcitrants dont l'impunité ne fait que stimuler!