Après que la Maison Blanche ait mis à prix la tête de Nicolas Maduro en l'accusant de narcotrafic, le président Donald Trump a fait volte-face, ce vendredi, en affirmant dans un entretien accordé au site américain «Axios» qu'il ne serait pas opposé à une rencontre avec le président vénézuélien. Pour rappel, Nicolas Maduro qui avait toujours souhaité cette rencontre n'a coupé les ponts avec Washington qu'après qu'en Janvier 2019, l'administration américaine ait clairement affiché son soutien à Juan Guaido comme président intérimaire du Venezuela. Ce dernier avait même été officiellement invité en Février dernier par la Maison Blanche afin d'assister au « discours sur l'Etat de l'Union » alors même qu'au Venezuela, il était poursuivi par la justice pour tentative de coup d'Etat. Aussi, l'entretien de ce vendredi constitue-t-il un véritable coup de massue donné à l'opposition anti-chaviste. Changeant de ton et, par voie de conséquence, de stratégie le président américain lorsque aurait même fini par émettre des doutes sur les qualités de son ancien protégé qu'il avait qualifié, quelques temps auparavant, d'«homme faible à la différence de Maduro». Autant dire que l'échec du débarquement du 3 mai dernier initié par Washington à l'effet d'évincer Maduro n'a contribué qu'à creuser la tombe de Juan Guaido. Mais s'il n'y a, pour l'heure, aucune réaction à l'interview du président américain ni du côté du pouvoir vénézuélien ni du côté de l'entourage de Juan Guaido, il est clair que les opposants au président Maduro emprisonnés ou forcés à l'exil ou à la clandestinité ont bel et bien perdu le «parapluie» américain derrière lequel ils se protégeaient d'éventuelles actions répressives de la part du pouvoir de Caracas. Et si, par ailleurs, le gouvernement du président Maduro soucieux de reprendre la main sur le jeu politique et de confirmer son emprise sur les institutions du pays a prévu d'organiser des élections législatives en décembre, celles-ci vont priver Juan Guaido de son statut de président de l'Assemblée puisque le «G4» formé par les quatre principaux partis d'opposition qui le soutenaient – à savoir, Accion democratica, Voluntad popular, Primero Justicia et Un nuevo tiempo – l'ont laissé tomber en lui reprochant son incapacité à évincer «le dictateur» et en refusant de participer à ce scrutin qu'ils qualifient de «farce électorale». Lâché par les siens, le jeune Guaido va donc finir aux «oubliettes» et, pour «récupérer» le soutien de Washington, les opposants au régime de Caracas vont rapidement lui trouver le remplaçant qui aura les faveurs de la Maison Blanche. Enfin, à quelques mois des élections présidentielles américaines, le volte-face de Donald Trump dans le dossier vénézuélien reste assez surprenant dans la mesure où dans un Etat-clé comme la Floride l'électorat latino compte beaucoup de cubains et de vénézuéliens viscéralement anti-chavistes. Aussi, pour arrondir les angles, le président américain a tenu à préciser, dans un tweet, qu'il était prêt à rencontrer le président vénézuélien «seulement pour discuter d'une sortie pacifique du pouvoir». Des propos qui ne seront point du goût de Nicolas Maduro et qui sont à même de le pousser à refuser toute rencontre avec le locataire de la Maison Blanche ou avec ses hommes. Alors, attendons pour voir...