Mais où est donc passé Juan Guaido, le jeune chef de l'Assemblée nationale vénézuélienne qui, après s'être autoproclamé «président» en Janvier 2019, avait immédiatement été reconnu par Washington et par une cinquantaine de pays alliés – dont la France – comme président du Venezuela aux lieu et place du chaviste Nicolas Maduro alors que, depuis début mai, une rumeur prétend qu'il se serait réfugié dans les locaux de l'ambassade française à Caracas. Juan Guaido se serait-il vraiment «abrité» dans les locaux diplomatiques français de la capitale vénézuélienne, comme l'ont rapporté plusieurs médias, après le «plouf» retentissant du débarquement du 3 mai dernier commandité par le président Donald Trump à l'effet d'arrêter Maduro mort ou vif et de remettre à son «remplaçant» les clés du pouvoir? Il n'en serait rien, à la lecture du communiqué du Quai d'Orsay en date de ce vendredi 5 juin et des propos d'Isadora Zubillaga, la représentante à Paris du jeune président-autoproclamé, qui affirme, de son côté, que ce dernier «n'est dans aucune ambassade (et qu')il n'a pas besoin de se cacher parce que le peuple est avec lui». Rappelant, par ailleurs, que «tous les efforts doivent porter sur la recherche d'une solution à la crise politique vénézuélienne» et démentant formellement la présence de Juan Guaido dans son ambassade à Caracas, le communiqué du ministère français des Affaires étrangères, a tenu à rappeler que «seule une voie démocratique et des élections libres, transparentes et crédibles permettront de résoudre [la crise] durablement et de mettre un terme aux souffrances de la population vénézuélienne». Pourtant, si au début de la semaine dernière, le président Maduro avait laissé entendre que son rival s'était «caché» dans une représentation diplomatique, Jorge Arreaza, le ministre vénézuélien des Affaires étrangères avait, par la suite, confirmé les propos du chef de l'Etat et déclaré : «nous ne pouvons pas entrer dans les locaux d'une ambassade de quelque pays que ce soit, en l'occurrence de l'Espagne ou de la France (…) ce n'est pas possible». Il ajoutera, même, en laissant entendre que Leopoldo Lopez, un autre opposant à Maduro, se serait caché, pour sa part, dans la résidence de l'ambassadeur d'Espagne à Caracas, qu'il espère que «ces gouvernements [France et Espagne] changeront d'avis (…) et livreront ceux qui veulent échapper à la justice vénézuélienne». Déplorant, enfin, cette «situation profondément irrégulière», le ministre des Affaires étrangères du Venezuela a déclaré, en outre, que ce qui s'est passé est «une honte pour la diplomatie de l'Espagne (…) et de la France (…) et qu'ils vont en payer le prix très très bientôt». Et ce prix, force est de reconnaître que les locaux de l'ambassade de France à Caracas le paient déjà depuis le 2 mai dernier en étant privés d'eau et d'électricité et soumis à une étroite surveillance policière. Autant de contraintes qui «affectent le fonctionnement normal» de l'ambassade de France au Venezuela même si cette dernière continue, néanmoins, à remplir sa mission. Pour confirmer ses propos, Romain Nadal, l'ambassadeur de France au Venezuela, a publié, sur son compte Twitter, une photo de sa rencontre, dans les locaux de l'ambassade française, avec son homologue russe récemment affecté au Venezuela. Mais pourquoi donc Juan Guaido se serait-il caché, dans les locaux diplomatiques français ou ailleurs, si, pour l'heure, aucun mandat d'arrêt n'aurait encore été officiellement émis à son encontre et que, d'après son entourage «le peuple est avec lui»? Attendons, pour voir…