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Le prix de l'arc
Publié dans Albayane le 21 - 05 - 2020

Plusieurs personnes furent offusqués d'apprendre les décisions prises par certains gouvernements de sacrifier les vieux pour donner la priorité à sauver la vie des jeunes lors de l'avènement de la pandémie de Covid-19. La pénurie du matériel et des lits en salles de réanimation a poussé les responsables à prendre cette décision qui paraît inhumaine.
Cependant, il ne faut pas oublier que ce n'est pas la première fois que l'humanité a été appelée à faire le difficile choix entre ceux qui méritent de vivre et ceux qui doivent mourir pour que d'autres vivent. Une tradition Inuit, citée par plusieurs auteurs, veut que le vieux qui se sent démuni physiquement et inutile décide soit de demander à sa famille ou à ses proches de le tuer ou se laisse mourir lui-même.
On raconte que lors d'un déplacement à la recherche de gibier ou d'un nouveau site où habiter, le vieux Inuit s'installe à l'arrière du traîneau et, loin de son village, il se laisse choir, les autres font semblant de ne pas s'en apercevoir et l'abandonne à son sort. Cette tradition est attestée par plusieurs chercheurs dans d'autres cultures de régions différentes. Cet acte a même un nom, le senicide.
Nous avons au Maroc un conte que nous partageons avec le Japon, c'est celui de la montagne des vieux. Je connaissais ce conte de chez nous mais j'ai eu la surprise de le lire aussi dans un recueil de nouvelles de l'auteur Japonais Yasushi Inoué, intitulé Le Faussaire. Le titre de la nouvelle est «Obasuté, thèmes et variations». Un film a été réalisé par Shohei Imamura sur ce conte «La Ballade de Narayam». Voici le conte : «Sur le pays de Shinano régnait autrefois un seigneur qui détestait les vieillards».
L'ordre fut donné d'abandonner tous les vieux qui dépassaient soixante-dix. Un soir un paysan prit sa mère sur son dos mais n'arriva pas à se résoudre à l'abandonner, il la ramena chez lui. Il la cacha sous le plancher. Entretemps un empereur menaça de détruire le pays et mit le seigneur en demeure de résoudre trois énigmes: tresser une corde avec de la cendre, traverser d'un seul fil les neuf faces d'un joyau, faire battre un tambour sans le toucher. Le seigneur fut bien embarrassé. Il fit chercher un sage pour le sauver mais en vain.
Le jeune homme raconta l'affaire à sa mère et elle donna les réponses. Le paysan demanda sur le-champ audience au seigneur et sauva son pays. Apprenant de la bouche du jeune homme qu'il devait sa bonne fortune à la sagesse d'une vieille femme, le seigneur comprit qu'il fallait traiter les vieillards avec respect». A Boudnib, sans citer le nom du village d'où les gens devaient jeter leurs vieux parents, je dirai que c'est grâce à la sagesse d'un vieux père que la vie de ses semblables fut sauvée. C'était pendant une année de sécheresse et où personne n'avait plus la moindre graine à semer. La famine menaçait. Malgré la pluie, les gens n'avaient rien à semer. Le père conseille à son fils de balayer le grenier et de semer la terre et la poussière obtenues dans ses champs.
C'est ce que fit le jeune homme. Quand ses champs parurent tout verts, le chef du village le fit venir et lui demanda comment il avait pu obtenir des semences. Le jeune homme hésita, eut peur pour sa vie et celle de son père, demanda l'aman. Il lui fut promis qu'il ne sera pas châtié. Le jeune paysan révéla alors que c'était son père qui lui avait donné cette idée. Et c'est ainsi que l'on décida de garder les vieux et de profiter de leur sagesse et de leur expérience. Comme se le demande Yasuchi Inoué, l'origine de ce conte est peut-être universelle.
Toutefois, ces contes ne servent strictement à rien aujourd'hui où l'être humain n'est plus le centre de la vie sauf en tant qu'unité des ressources humaines, consommateurs, main d'œuvres et clients. L'âme, le corps, la dignité, la fierté, l'humanité, l'amour, toutes ces choses bizarres sont perdues. Chacun de nous est devenu mesurable et quantifiable. Un être humain est combien il vaut. Combien il vaut quand il rapporte de l'argent mais aussi combien il vaut quand il faut en dépenser pour lui. Les retraités, les handicapés, les malades mentaux, les femmes enceintes, les malades de la grippe, le taux d'absence dans les usines et les bureaux sont un fardeau pour les gouvernants. Les Etats sont devenus des épiciers au service des bénéfices de leurs actionnaires au lieu de l'être à ce celui des citoyens. L'eugénisme n'est plus loin.
L'instinct de vie passe bien avant le respect des vieux. On raconte qu'une maman disait à son enfant gravement malade : «Je souhaite que la mort me prenne à ta place». Un jour que sa mère était absente, l'enfant prit une poule et la dépluma complètement. Il attendit le retour de sa mère. Quand il entendit ses pas se rapprocher de l'endroit où il dormait, il lâcha la poule et cria : «Maman ! Maman! La mort est là!». La mère en voyant cet animal bizarre s'approcher d'elle, se mit à crier : «Va-t-en ! Va-t-en, le malade est là-bas!».
Le comportement des Etats se comprend quand on sait que l'automatisation de plusieurs activités est venue remplacer les hommes et les femmes et que les transferts des activités pénibles vers d'autres pays soulagent les responsables d'affronter les ouvriers et les syndicats dans les rues des capitales de ces pays. L'aberration a atteint son comble quand une entreprise fait des milliards de bénéfices et se permet de licencier des milliers d'ouvriers au lieu d'investir dans l'emploi et l'absorption du chômage ou dans une économie sociale.
Des bénéfices et des salaires colossaux sont versés aux dirigeants et aux actionnaires sans tenir compte des séquelles de ces comportements dans la société où ces gens là vivent. La consigne semble être : «Privatisons ! Privatisons !» Toutes les générations rapportent de l'argent sur une longue période de la vie. Les publicitaires ciblent des couches de la société, ils leur vendent des produits pour femmes enceintes d'abord puis pour bébés, enfants, adolescents et adolescentes, jeunes, jeunes adultes, femmes en général, femmes au foyer etc…
Mais dès qu'ils commencent à vous classer dans les catégories d'âges, vous êtes grillés en tout. Vous n'avez plus le droit de travailler, vous n'avez plus le droit à certaines prestations des banques et des assurances. Vous êtes devenus du troisième âge. Votre expérience ne sert plus à rien car vous n'en avez pas. Ils vous ont abrutis avec leur robotisation. Vous n'êtes plus rentables sauf pour les pompes funèbres et les Etablissements de personnes âgées et ils vous prennent vos dernières économies pour l'achat d'un cercueil et la location d'un lopin de terre où vous poser en attendant de le louer à un autre mort.
Pour conclure je voudrais vous rapporter cet échange entre un jeune homme, tout frais, tout fort et tout droit dans ses baskets, qui voit un vieil homme arqué passer devant lui.Il lui lance : «Comme bien coûte l'arc?» Le vieux lui répond : «Attends encore un peu, tu l'auras gratuitement!».


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