L'agro alimentaire, l'agriculture, la pêche et le secteur financier subissent de plein fouet les effets du nouveau coronavirus. Les risques sont multiples pour toucher à la fois les risques d'approvisionnement en intrants utilisés dans la transformation alimentaire et agroalimentaire et le souci de ne pas pouvoir répondre favorablement à la forte demande européenne en fruits et légumes. L'activité de la pêche n'est épargnée par les effets néfastes du Codiv-19. L'on craint une perturbation des chaînes logistiques et d'approvisionnement de matières premières, notamment les boîtes métalliques pour la conserve alimentaire. L'on craint aussi un épuisement du stock de sécurité de certains produits semi-finis importés essentiellement de l'Union Européenne. Certes le tourisme, le textile et le transport sont aujourd'hui les secteurs les plus touchés par les effets de la crise sanitaire avec des pertes colossales évaluées en millions de dirhams, mais d'autres secteurs ne s'en sortent pas indemnes et anticipent d'ores et déjà des manques à gagner et des difficultés de continuer leurs activités à cause du problème d'approvisionnement en matières premières, sans oublier les risques que cela entraineraient sur l'emploi. L'étude d'impacts sur l'économie nationale réalisée par la délégation de l'UE au Maroc consacre une bonne partie à l'impact du coronavirus sur les activités agroalimentaires et agricoles et également sur le secteur financier. L'industrie agroalimentaire représente 25% du PIB industriel du Maroc, assure plus de 110.100 emplois et réalise plus de 100 milliards de dirhams de chiffre d'affaires, indique l'étude en question. Le premier impact sur ce secteur touche particulièrement la transformation de produits alimentaires qui risque de subir des problèmes d'approvisionnement en intrants et en produits semi-finis. Ces intrants concernent en grande partie les additifs importés en majorité, «les conservateurs, les émulsifiants, les graisses et autres gélatines aux texturants, les stabilisants, les édulcorants, les épaississants, les vitamines, les enzymes, les acides et les autres antioxydants naturels ou synthétiques destinés à différents industriels, notamment les producteurs d'huiles d'olive, de jus de fruits, de bière, de vin, de produits laitiers et de confiserie» note l'étude. Des perturbations peuvent par ailleurs être ressenties chez les fabricants de produits alimentaires en raison de la baisse du stock de sécurité des produits semi-finis, comme le concentré de fruits base de production de jus industriels. Industries extractives: indemne et sauve Le risque est de voir, à partir du début du mois d'avril qui coïncide avec la fin du repos biologique pour la pêche artisanale, subir des perturbations des chaines logistiques et d'approvisionnement de M1er, en l'occurrence les boites métalliques utilisées dans la conserve alimentaire. Le secteur des industries extractives échappe pour le moment à l'effet dit dépressif. Le fonctionnement et l'approvisionnement normale du site du port de Jorf Lasfar est assuré pleinement. Idem pour toutes les unités industrielles de l'OCP. Une perte de plus de 12 millions de dirhams est le coût occasionné par l'annulation du SIAM. Les coopératives et les groupes économiques agricoles risquent aussi une perte de chiffre d'affaires oscillante entre 60% et 80%. Le ralentissement de la production des fruits et des légumes en Espagne, Portugal et Italie pousse les producteurs marocains à augmenter leurs exportations vers les pays de l'UE. Les prix sont aussi en hausse par rapport à la norme. Le seul bémol de voir les coûts de transport routier international augmentés en même temps que le coût du travail et de collecte dans cette période de confinement sanitaire. Enfin, la perte du secteur financier s'est traduite par la baisse de l'indice principale de la Bourse marocaine MASI, qui a perdu 21,6% entre le 28 février (dernière séance de cotation avant l'apparition lundi 2 mars du premier cas de coronavirus au Maroc) et le 20 mars, d'après ladite étude.