Du 1er au 3 décembre, Rabat a abrité la 4e édition Africa Security Forum 2019 sous le thème «l'impact du changement climatique sur la sécurité en Afrique». Un évènement qui a offert aux différents panélistes une plateforme d'échanges en vue de trouver des palliatifs aux enjeux sécuritaires dans le monde et l'Afrique, en particulier. A l'occasion, plusieurs suggestions et solutions ont été proposées par les experts présents à cette rencontre. Dans son allocution d'ouverture, Driss Benomar, président du Centre de Recherches et d'Etudes Géostratégiques (Atlantis), a souligné qu'il est important que l'Afrique face preuve non seulement d'engouement pour résoudre la question climatique, mais surtout, pour élaborer un nouveau modèle de coopération africaine. Ce qui permettrait à l'Afrique de faire face aux défis sécuritaires et environnementaux auxquels il fait face. «Les effets des changements climatiques sur le paysage politique mondial déstabilisent les régions vulnérables du continent et favorisent les tensions…», a-t-il fait savoir. Dans le même ordre d'idées, Driss Benomar a fait un constat moins lugubre des effets du changement climatique sur le continent africain: « Le rythme actuel de changement, notamment en termes de hausse du niveau de la mer due à la fonte des glaciers, de l'extrême variabilité des précipitations et de la fréquence d'intensité accrue de tempêtes provoque une situation inédite à laquelle nous devons nous préparer. Avec plus de 2 milliards d'habitants d'ici 2025, l'Afrique est plus que jamais au centre de toutes les préoccupations en ce qui concerne la lutte contre les impacts du changement climatique, d'autant plus qu'elle représente l'un des continents les plus vulnérables…». Il a également souligné que «ces dernières années, nonobstant un taux de croissance à 2 chiffres, le continent n'a pas réussi à relever certains défis majeurs: la lutte contre la pauvreté, la création d'emplois pour résorber la problématique du chômage des jeunes, la famine(…)». Ce dernier exhorte l'Afrique à admettre clairement son échec dans plusieurs domaines vitaux et appelle à une réelle prise de conscience de la part des élites africaines par rapport aux différentes problématiques évoquées pour y remédier. D'après plusieurs études menées par les experts, l'Afrique aura besoin de 40 milliards de dollars à investir chaque année d'ici 2030 pour réussir à limiter les effets drastiques du changement climatique. La visée de ce Forum international est de pouvoir mobiliser l'intelligentsia africaine autour de cette problématique d‘envergure afin d'asseoir les bases d'une réflexion poussée et faire des proposions pour le bien-être du plus grand nombre. Jean-Louis Borloo, ancien ministre français de l'écologie et président de la fondation Energie pour l'Afrique, n'a pas hésité à accentuer son argumentation sur l'importance de l'énergie qu'il considère, comme un élément fondamental du développement social et économique de l'Afrique. Cependant, il a fait un constat moins alléchant par rapport au dérèglement climatique observé en Afrique. Pour ce dernier, «le dérèglement climatique se combine malheureusement avec un problème d'énergie sur le continent africain». Et d'ajouter « qu'il est nécessaire de mettre en place des projets visant à assurer l'accès universel à l'énergie, la sécurité alimentaire et l'assainissement…». Tanguy Gahouma Bekale, conseiller spécial du président gabonais Ali Bongo, à quant à lui exhorté les autres nations du continent africain à prendre le Maroc comme modèle « La question du changement climatique et la sécurité est une priorité en Afrique. Le rôle du changement climatique comme facteur aggravant des conflits en Afrique a trop souvent été négligé. Ce forum est donc une opportunité pour rehausser à son véritable niveau, le lien complexe qu'il y a entre ces fléaux. Ce forum nous donne l'occasion de réfléchir sur les solutions à mettre en œuvre pour prévenir au mieux les conséquences et aussi mieux comprendre les incidences du changement climatique. «Il faut apporter la technologie adéquate, former davantage les hommes pour renforcer les capacités, créer des plans et stratégies efficaces, encourager la coopération sud/sud», a-t-il conclu.